Pour renflouer les caisses de l'Etat, le gouvernement envisage de mettre le paquet sur la fiscalité. Le président de la République, qui a présidé mercredi à une réunion du Conseil des ministres consacrée à l'adoption du plan d'action du gouvernement, a tracé la feuille de route du gouvernement Tebboune. Ainsi, concernant la crise financière que traverse le pays, le chef de l'Etat exige du Premier ministre d'éviter l'endettement extérieur, et cela, dans le souci de préserver la souveraineté économique nationale. Pour faire face à cette crise, le président Bouteflika a invité le gouvernement à "promouvoir des financements internes non conventionnels qui pourraient être mobilisés pendant quelques années de transition financière", et ce, dit-il, "pour ne pas trop impacter les programmes publics d'investissements". Les "financements internes non conventionnels" ne sont, en fait, que le nouveau nom attribué au recours à l'endettement interne. Cette exigence du chef de l'Etat, qu'il a délivrée lors du Conseil des ministres, met fin au débat qui a occupé les observateurs et experts pendant de longs mois. En effet, plusieurs spécialistes financiers ont plaidé pour le recours de l'Algérie à l'endettement extérieur pour faire face au manque de ressources financières, né de la baisse des prix du pétrole. Dans cette nouvelle feuille de route établie par le chef de l'Etat, il est question de consolider la sphère financière et économique. Pour ce faire, le plan d'action évoque un nouveau système de financement de l'investissement et, pour la énième fois, une réforme du système bancaire. Au titre de la modernisation et du développement du secteur bancaire et financier, le plan préconise de poursuivre et d'approfondir les réformes engagées à travers, notamment, "la diversification de l'offre de financement à travers le développement de produits financiers alternatifs par la mise en place de guichets dédiés à la finance participative au niveau des banques publiques". Selon le plan, le gouvernement veillera également à dynamiser le marché financier à travers "l'amélioration de l'offre de titres sur le marché financier par le développement de nouvelles émissions de titres et l'accélération des processus d'introduction en bourse de sociétés relevant du secteur financier". Pour renflouer les caisses de l'Etat, le gouvernement envisage de mettre le paquet sur la fiscalité. C'est ainsi qu'il est prévu une réforme du système fiscal. Cette réforme permettra "d'assurer une couverture progressive, des dépenses de fonctionnement par les revenus de la fiscalité ordinaire qui devront progresser de 11% par an". Pour atteindre cette objectif, le plan prévoit notamment le renforcement des règles de recouvrement de l'impôt et l'amélioration du recouvrement fiscal, notamment de la TVA, ainsi que la révision d'un certain nombre d'exemptions fiscales. Il est même question, à travers cette réforme fiscale, de "l'élaboration d'une loi spécifique relative à la fiscalité locale, à même d'assurer une valorisation des potentialités de chaque collectivité". Mieux encore, le gouvernement va plus loin en ce qui concerne les collectivités locales, puisqu'il est décidé à "permettre aux collectivités locales de s'ériger en potentiels investisseurs institutionnels (...) et rompre avec les reflexes d'une gestion administrative sans aucune portée économique". Certes, le Président vient de trancher en défaveur de l'endettement extérieur, préconisant même l'idée des financements internes non conventionnels. Mais la question qui reste posée est celle de savoir si, dans la situation actuelle, le gouvernement peut éviter l'endettement extérieur. Surtout quant il s'agit de certains secteurs stratégiques comme celui de l'énergie qui, pour rappel, a déjà sollicité la BAD pour financer le programme d'investissement de Sonelgaz. Par ailleurs, les quelques pistes à développer comme palliatif à l'endettement extérieur dans ce plan d'action, à l'instar des émissions de titres sur le marché financier ou les introductions en Bourse de sociétés, sont des mesures économiques déjà testées et sans succès. Le feuilleton de l'introduction en Bourse du CPA en est un exemple des plus significatifs. Saïd Smati