L'argentier du pays insiste sur la mobilisation de la fiscalité ordinaire sans augmenter la pression fiscale, en élargissant l'assiette fiscale, à travers l'investissement. "Nous avons moins de ressources, mais nous devons garder le même cap de croissance", a indiqué, hier, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhelfa, devant les étudiants de l'Institut d'économie douanière et fiscale de Koléa, en présence, notamment du directeur général de l'administration fiscale. Le ministre des Finances a abordé, lors d'un cours inaugural, les politiques fiscales et douanières, menées par son département en contexte de contraction budgétaire. Evoquant le contexte international, M. Benkhelfa a fait référence à la récession forte des économies en développement et émergentes, aux turbulences politiques et sécuritaires et enfin l'effondrement des prix du pétrole. Dans ce contexte de turbulences et de contraction budgétaire très forte, la particularité de l'Algérie réside dans le fait qu'une grande partie des ressources dépend des hydrocarbures. "Je ne porte pas de jugement de valeur", a-t-il précisé, signalant que les hydrocarbures ne pèsent plus que 32% à 33% dans la structure du produit intérieur brut (PIB). Il a, également, souligné l'importance du stock d'investissements publics. "Il est plus dur d'exploiter et de maintenir un patrimoine infrastructurel que de le construire", a estimé le ministre. "C'est une charge importante", a-t-il insisté. Il y aussi le poids du budget. Malgré la contraction budgétaire, celui de cette année avoisine 90 milliards d'euros. "Nous sommes en période de consolidation et d'ajustement budgétaire", a annoncé M. Benkhelfa évoquant l'introduction davantage d'efficience dans les dépenses budgétaires. "L'exercice est difficile", a reconnu le ministre des Finances. "Il peut être un peu différent, mais il est aussi crucial et complexe que chez les Tunisiens et les Marocains", a estimé M. Benkhelfa, indiquant qu'en Algérie "nous avons un peu de répit". Parallèlement à la politique de contraction budgétaire, l'Algérie n'est pas sous un effet d'endettement extérieur ni intérieur. Pour autant le ministre des Finances a estimé que le gouvernement doit relever trois défis. Le premier est de sortir de la dépendance des ressources des hydrocarbures, substituer la fiscalité ordinaire et la fiscalité pétrolière. "Nous avons commencé à le faire", a-t-il indiqué. Dans le cadre de cette politique fiscale, le ministère des Finances ambitionne d'optimiser les rentrées sans augmenter les taux. "C'est un challenge", a soutenu M. Benkhelfa, relevant le recul de la fiscalité pétrolière. L'argentier du pays insiste sur la mobilisation de la fiscalité ordinaire sans augmenter la pression fiscale, en élargissant l'assiette fiscale, à travers l'investissement. "Dans les dix années à venir, nous serons un lieu de délocalisation et d'investissements conjoints", a-t-il projeté. Le ministre des Finances, les administrations des impôts et des douanes doivent être en même temps des outils de politiques publiques et lieux de recouvrement de recettes. En d'autres termes ces deux administrations doivent être des leviers d'attractivité, en même temps, de recouvrement de recettes. Le ministre des Finances a annoncé l'installation, au niveau de son département, "d'une équipe qui regarde tous les investissements qui ont bénéficié d'avantages fiscaux, il y a cinq ans". M. Benkhelfa est revenu également sur la politique d'inclusion fiscale et financière lancée en 2015. Sans avancer de bilan, le ministre évoque trois impacts de cette opération. Elle permet de ramener des ressources fiscales, une intégration économique et l'élargissement de l'assiette fiscale. "Nous faisons en même temps un grand effort de simplification fiscale", a-t-il ajouté. 3 000 milliards de dinars en fiscalité non pétrolière ont été collectés en 2015. "Nous avons besoin d'aller plus loin. Cela ne suffit pas", a estimé le ministre. M. R.