Les entrepreneurs attendent plus de transparence dans l'octroi du foncier et la simplification des procédures administratives et fiscales qui concernent l'entreprise. Le rapport du Centre d'action de réflexion sur l'éntreprise (Care) sur le climat des affaires met à nu les multiples difficultés rencontrées par les entrepreneurs pour créer une entreprise, développer leur société ou créer des emplois. Le texte de 47 pages qui sera transmis au gouvernement et rendu public le 12 juillet lors d'une rencontre nationale, rend compte d'un environnement de l'entreprise encore très difficile. Liberté a pu obtenir des détails sur ce rapport. Les problèmes d'accès au foncier, au crédit, les entraves bureaucratiques à la création d'emplois et de richesses sont toujours persistants, conclut le document. Quelques progrès sont enregistrés seulement en termes de simplification administrative. En fait, Care a réalisé un travail de terrain de deux ans consistant à enregistrer les préoccupations de 200 opérateurs établis dans 12 wilayas : notamment Oran, Annaba, Tlemcen, Sétif, Blida, Ghardaïa, Adrar, Tamanrasset. Ces entreprises sont spécialisées dans l'industrie, le BTPH et les services. Question principale : qu'est ce qui bloque le développement de votre entreprise, vos initiatives en termes de création d'entreprise et, partant, d'emplois et de richesses ? Le constat général est le même : du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest. Le rapport rend compte des conclusions de ce chantier et énumère une série de propositions pour améliorer le climat des affaires. En matière de foncier, ces opérateurs rencontrent des difficultés pour accéder à des terrains d'assiette pour l'implantation de leurs projets. Ils se plaignent de la corruption dans l'octroi du foncier. Cette situation constitue un frein au développement de l'investissement. "Le système d'octroi du foncier manque de transparence. Il ne répond pas à une logique économique", constatent-ils. Ces opérateurs se plaignent également des difficcultés d'accès au financement. "Les banques publiques prêtent aux grandes entreprises. Elles ne prêtent pas aux PME de façon générale. Quand elles viennent à accorder un crédit, elles demandent trop de garanties, trop de suretés. Le système bancaire public offre des financements classiques. Il n'offre pas de produits alternatifs au crédit bancaire adaptés à la PME comme le capital risque. Les opérateurs rencontrent également des difficultés pour obtenir des financements auprès des banques privées" rapporte un membre de la task force chargé du pilotage du chantier. Ces chefs d'entreprise se plaignent aussi de la bureaucratie . "Il y a beaucoup de procédures, beaucoup de documents demandés ; on met beaucoup de temps pour créer une entreprise." Concernant la main-d'œuvre, ils pointent du doigt sa rareté dans le BTPH et l'agriculture. Ils se plaignent aussi du manque de qualification des diplômés de la formation professionnelle. Ces opérateurs posent, en un mot, le problème de la qualité de la main-d'œuvre recrutée et jugent les incitations en faveur de l'employabilité insuffisantes. Les chefs d'entreprise précités posent aussi le problème des créances détenus sur l'Etat. Ils attendent longtemps pour être payés par l'Etat. Certaines entreprises ont mis la clé sous le paillasson en raison de cette difficulté qui perdure depuis plusieurs années. "De la corruption dans l'octroi du foncier" Qu'attendent-ils des pouvoirs publics ? En premier lieu, la simplification des procédures administratives pour les entreprises, réduire le nombre d'étapes pour l'enregistrement et la création d'entreprise. En second lieu, favoriser l'accès au foncier. Le document comporte une série de propositions sur le foncier notamment des associations professionnelles et des organisations patronales comme le FCE, la Cap, la Cnpa et la CGEA, qui se sont impliquées dans le projet et dont les propositions validées par l'ensemble des partenaires du projet, ont été retenues. En troisième lieu, mettre un plan de lutte contre l'informel. En quatrième lieu, les opérateurs attendent une vision économique partagée de l'Etat "Ils ne savent pas aujourd'hui quelle est la vision économique de l'Etat à moyen et long termes", rapporte la même source. En ce sens, est proposée la création d'un observatoire sur le climat des affaires et la mise en place d'un système d'information fiable. Aujourd'hui, ce travail, entamé depuis 2014 et réactualisé en 2017, se trouve condensé dans un rapport de Care finalisé mais qui reste à valider par quelques organisations patronales. La finalité de tout ce chantier est d'améliorer le climat des affaires par une démarche de bas en haut, c'est-à-dire l'écoute par les pouvoirs publics des préoccupations des chefs d'entreprise dans les différentes wilayas, de celles des associations professionnelles, des associations patronales et les syndicats, avant d'entreprendre l'élaboration de lois, de réglementations et de mesures qui concernent l'entreprise. K. Remouche