Le cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE) tire, encore une fois, la sonnette d'alarme sur la situation économique du pays et prévient contre les dangers qui guettent l'Algérie dans le cas où de véritables réformes structurelles ne sont pas engagées rapidement. Aux yeux de CARE, la situation financière difficile que traverse le pays devrait être l'occasion d'engager les « réformes structurelles » qui ont été longtemps retardées, jusqu'ici. Ces réformes sont nécessaires et indispensables, combien même le baril de pétrole devrait retrouver, demain, son niveau des 100 $us. Le problème de notre économie, c'est sans doute bien celui de la contrainte financière qui pèse sur le budget et sur les comptes extérieurs, mais, avant cela, c'est surtout celui des retards de notre système de production, de l'insuffisance et de l'inefficacité de nos investissements productifs et, comme chacun le dit, celui de notre excessive dépendance à l'égard des marchés mondiaux des hydrocarbures. L'association qui englobe des chefs d'entreprises et des experts en économie, affirme, dans une contribution adressée à notre rédaction, hier, que le gouvernement a raison de dire que l'enjeu d'aujourd'hui, est de maintenir un taux de croissance significatif, de créer des emplois et de maintenir la cohésion sociale. Mais, sans un programme ambitieux de réformes structurelles de notre système économique, les mesures prises ne feront que retarder, un peu plus, les échéances dures qui nous attendent. Ces réformes, tout le monde les connaît. « Au CARE, nous avions contribué, il y a de cela quelques années, à dessiner les éléments d'un Pacte économique et social, devant servir de base à la réorganisation de notre système économique, celui-ci avait été adopté, officiellement, mais son contenu a été, malheureusement, perdu de vue. Ce document est toujours d'actualité et CARE se félicite qu'il ait été placé au cœur de cette Tripartite » note la même source qui souligne, dans le même cadre que « nous pouvons répéter, aujourd'hui et encore une fois, que notre pays a besoin de réformes immédiates de son climat des affaires, qu'il a besoin d'une simplification considérable des procédures à l'investissement, à commencer par la suppression de ce visa préalable du CNI et incluant une position plus ouverte, vis-à-vis, des IDE, qu'il y a urgence à réaffirmer un cap clair et sans nuances vers l'insertion franche de notre économie dans les chaînes de valeur mondiales, que nous avons besoin de remettre, à niveau, notre système financier et bancaire dont tous les experts de notre pays sont unanimes à dire que ses performances sont très en-deçà de nos attentes ». Le CARE affirme, en outre, que le pays a besoin que nos différentes administrations économiques travaillent, en cohérence, les unes avec les autres et qu'elles se mettent, réellement, au service de l'entreprise, comme cela est le cas dans l'ensemble des économies concurrentes, dans la région qui est la nôtre. L'association présidée par le patron des jus «Rouïba», Slim Othmani, soutient, dans le même sillage, que les résolutions de toutes les Tripartites, tenues jusque-là, ont moins besoin d'être rappelées qu'elles n'ont besoin d'être mises en œuvre et traduites dans la pratique. « Notre souhait, au CARE, est que notre gouvernement saisisse cette crise financière qui nous frappe comme une opportunité pour dépasser l'obstacle des résistances qui ont, jusqu'ici, freiné les réformes de notre économie et qui ont, pour résultat de retarder sa nécessaire diversification », ajoute cette association qui propose deux mesures emblématiques qui pourraient être retenues en ce sens, à savoir : D'une part, en procédant, de toute urgence, à un choc de simplification qui touche l'environnement économique et administratif des entreprises. La simplification devrait couvrir un premier paquet de mesures concernant l'investissement, la fiscalité, le secteur bancaire, la gestion portuaire, le foncier, la création d'entreprises, l'information économique, etc. Nous sommes prêts, à CARE, à aider à identifier la nature précise de ces mesures. L'autre mesure attendue, d'autre part, serait celle qui consisterait à abolir la distinction, sinon la discrimination, qui règne toujours dans les politiques publiques, vis-à-vis du secteur public par rapport au secteur privé. L'engagement devrait être celui d'ouvrir, de manière organisée, mais effective aux investisseurs privés nationaux, l'ensemble des secteurs d'activité économique qui leur sont, aujourd'hui, fermés et qui, paradoxalement, sont ouverts aux investisseurs étrangers. Les secteurs, principalement, concernés sont ceux des banques et assurances, de l'audiovisuel, du transport maritime, du transport aérien, de la pétrochimie et de toutes les activités en aval des hydrocarbures, etc. « Au sein de CARE, nous continuons de croire que la Diaspora algérienne est notre autre pétrole et que trop peu est fait de la part des pouvoirs publics, à l'attention de cette population. Toutes les études et tous les spécialistes de la question s'accordent à dire qu'un lien puissant avec sa diaspora a un impact positif mesurable sur la croissance d'un pays. Qu'attendons-nous ? », s'interroge, par ailleurs, le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise qui note cependant que « c'est avec beaucoup de satisfaction que nous avons enregistré, lors du discours du Premier ministre et de ses diverses interventions, l'existence d'une vision Algérie 2030' qui guide la politique économique actuelle du gouvernement ». Le CARE, poursuit en affirmant que ses membres demeurent, en effet, très inquiets quant aux perspectives qui seront celles de l'Economie algérienne à cet horizon et voudrait, en même temps que de nombreux citoyens, soient rassurés quant au fait que nos autorités prennent au sérieux les échéances difficiles qui résulteront, inévitablement, de l'accroissement des besoins sociaux de notre population, en même temps que du déclin annoncé de nos exportations d'hydrocarbures. « A nos yeux, une vision Algérie 2030' n'a de signification et de réelle portée que lorsqu'elle est partagée avec les principaux acteurs économiques et sociaux du pays. Elle a besoin d'être exposée et présentée, publiquement, et de réunir autour d'elle le consensus nécessaire pour créer la confiance entre les acteurs concernés et produire l'effet fédérateur, autour d'elle. Un tel résultat serait d'un impact majeur sur l'image de l'Algérie et sa crédibilité vis-à-vis des institutions internationales et de tous les investisseurs potentiels » ajoute encore le CARE qui rappelle que « plusieurs sujets, et non des moindres, furent absents de cette tripartite et nous ne pouvons que le déplorer ». Cette association affirme qu'il aurait été, tel lement, utile d'aborder de front des questions aussi fondamentales que : - Le financement des infrastructures : entre les partisans du tout Etat et ceux des solutions créatives, faisant appel à l'endettement extérieur, il est certain que l'implication du secteur privé et la sensibilisation des syndicats aurait pu aider à rapprocher les points de vue - L'apport des TIC à la modernisation de nos administrations et au développement de l'offre des services modernes indispensables aux performances de nos entreprises - La préparation des conditions nécessaires pour garantir le développement d'alternatives durables aux énergies fossiles et la promotion de solutions techniques plus économes en énergie dans tous les secteurs d'activité - La mise en place d'une politique commerciale extérieure en ligne avec les intérêts à long terme du développement économique de notre pays et qui cesse d'être tiraillée, en permanence, entre les tenants d'un commerce extérieur administré et ceux d'une libéralisation commerciale débridée. « Le KAIROS, dans la Grèce antique, était le temps de l'occasion opportune Nous y sommes », conclut, enfin, le CARE.