Après son passage devant les députés de l'Assemblée nationale, le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, va présenter aujourd'hui le plan d'action de son gouvernement au Conseil de la nation. Il prononcera donc, comme il l'a fait à l'APN, une allocution où il sera, notamment, question de la mise en œuvre du nouveau modèle de croissance économique. La principale préoccupation du gouvernement est de "trouver des solutions permettant de préserver les équilibres financiers majeurs pour éviter le recours à l'endettement extérieur, renforcer la cohésion sociale et préserver la sécurité et la stabilité du pays", avait souligné le Premier ministre vendredi soir devant les députés. L'objectif est d'assurer "une transition souple vers un système économique moderne qui se libère progressivement de la dépendance aux hydrocarbures", a-t-il expliqué. Le plan d'action du gouvernement s'articule autour du renforcement de l'Etat de droit, la modernisation des finances publiques et du système bancaire, l'assainissement de la sphère économique, la promotion de l'investissement et la valorisation des richesses du pays, selon la présentation qui en a été faite par le Premier ministre. Concrètement, le gouvernement prévoit de soumettre au Parlement des projets de loi découlant de la dernière révision constitutionnelle visant à renforcer l'édifice institutionnel. Il s'agit fondamentalement d'un "approfondissement" de la réforme de la justice dans le sens d'une protection accrue des droits et libertés des citoyens. Au titre de la bonne gouvernance, l'Exécutif promet d'œuvrer, notamment, à renforcer la moralisation de la vie publique, à éliminer les situations de conflit d'intérêts et d'incompatibilité dans l'exercice des mandats et fonctions, à protéger les biens publics, à renforcer la lutte contre la corruption et à prendre toutes les mesures visant à lutter contre le gaspillage. M. Tebboune a annoncé, dans ce cadre, la création, au niveau du Premier ministère, d'une inspection générale ayant pour mission de contrôler les finances publiques et conférer davantage de transparence au financement et à la réalisation des projets publics. En matière de développement humain, la plan d'action indique que les efforts seront orientés dans le sens de l'achèvement, à la fin 2019, des 1 600 000 logements publics en cours de réalisation, le logement demeurant une "priorité nationale". Dans le même registre, l'accès aux énergies et à l'eau, l'amélioration du système national d'enseignement et de formation et la modernisation du système national de santé, figurent parmi les priorités du gouvernement. Le plan d'action met également l'accent sur la préservation du système national de sécurité sociale et de retraite, la promotion de l'emploi et le renforcement des mécanismes de solidarité nationale. Dans cet ordre d'idées, une réflexion sera engagée en vue d'un meilleur ciblage, à travers des "statistiques fiables", des catégories sociales ouvrant droit aux subventions de l'Etat. Dans le domaine financier et économique, le gouvernement prévoit de transformer le régime de croissance en l'orientant vers le développement des secteurs productifs de richesse et de valeur ajoutée et d'emploi en optant, notamment, pour une démarche budgétaire rénovée, une rationalisation des dépenses publiques, une réforme du système fiscal, un renforcement du rôle économique des collectivités locales, une amélioration du climat des affaires et un encouragement de l'investissement. Concernant le volet fiscal, le gouvernement entend élargir le recouvrement de la fiscalité ordinaire, pour compenser la fiscalité pétrolière en recul à cause de la baisse des cours de l'or noir, augmenter les taxes sur les produits de luxe et l'impôt sur la fortune et exonérer davantage les citoyens à faibles revenus des charges fiscales en vue de préserver leur pouvoir d'achat. Pour le commerce extérieur, M. Tebboune a indiqué que le gouvernement poursuivra ses efforts pour limiter les importations et préserver ainsi les réserves de change du pays estimées actuellement à quelque 114 milliards de dollars. Dans le même temps, il veillera, a-t-il dit, à éviter une pénurie ou une rupture d'approvisionnement du marché, l'objectif étant, a-t-il ajouté, de protéger la production nationale. Il a précisé, à cet égard, que le gouvernement œuvrera, à la faveur de la politique de réduction des importations des produits de luxe et la lutte contre la surfacturation, à réduire le déficit de la balance commerciale de 16 milliards de dollars en 2016 à moins de 10 milliards de dollars à la fin de l'année cours. Les députés de l'APN ont adopté le 23 juin à la majorité (402 députés sur 462) le plan d'action du gouvernement, présenté le 21 du même mois par le Premier ministre, conformément à l'article 94 de la Constitution. APS