L'auteur nous invite dans son monde, avec une simplicité et générosité remarquables, ne négligeant aucun détail, même les moins heureux, afin de partager son expérience, d'abord humaine, puis professionnelle avec ses lecteurs. Géomètre de formation, ancien chef de brigade de la Duch d'Alger, et ancien Such (service de l'urbanisme, de la construction et de l'habitat) de Bouzaréah (1993-1999), Amar Ouanoughi a publié, à compte d'auteur, Mes mémoires, Amar Ouanoughi, ancien SUCH de Bouzaréah, un ouvrage de 160 pages dans lequel il retrace sa longue carrière professionnelle, entamée dès 1974, à sa sortie de l'ITEBA (Institut technique du bâtiment et des travaux publics), tout en y incluant quelques anecdotes personnelles ; de son enfance modeste mais heureuse dans le village de Oued-Rezzoug à Sétif, à son installation à Alger où il continuera ses études dans une école privée à la Pêcherie, en passant par l'évocation des membres de sa famille, notamment son défunt frère. L'auteur nous invite dans son monde, avec une simplicité et générosité remarquables, ne négligeant aucun détail, même les moins heureux, afin de partager son expérience, d'abord humaine, puis professionnelle avec ses lecteurs. Ainsi, et durant cinq chapitres chronologiquement ordonnés, Ouanoughi nous rapporte, avec beaucoup de précision, les moments-clés de sa vie, avec ses hauts et ses bas. Dans sa préface, il indique : "Je ne suis ni essayiste, ni écrivain, ni universitaire. En ma qualité de simple autodidacte, acte outillé d'un dictionnaire Larousse (...) j'ai pu rédiger moi-même mes mémoires. Cette tâche m'a pris huit mois de travail acharné." De 1941, année de sa naissance, qu'il qualifie de sanat el bou (année de la famine), jusqu'en 1956, le chapitre intitulé "Mes origines" nous fait découvrir la vie de la famille Ouanoughi, composée de la mère, du père et des quatre enfants. Entre les récoltes des arbres fruitiers (seule culture adéquate dans les montagnes du village de notre auteur), l'envahissement des criquets en 1950, dont il gardera un très mauvais souvenir, et la perte de son cadet Ali. Mais il apparaît que ce sont ces conditions difficiles qui feront de lui le futur adolescent, puis adulte combatif qu'il deviendra, et que nous révélerons les chapitres ultérieurs. En effet, nous apprenons que le petit Amar, après avoir achevé sa scolarité à Alger, entamera plusieurs formations et petits boulots, avant l'intégration, en 1958, à la subdivision des VRD, qui le mettra en contact avec "le plus extrémiste des pieds-noirs". Cependant, raconte-il, c'est grâce à ce même personnage que "j'ai appris les rudiments de ce merveilleux métier" après qu'il lui ait proposé de "faire partie de sa brigade topographique". Il est utile de préciser ici que notre autobiographe, ne se contentant d'évoquer ces quelques périodes de sa vie, les présente d'une manière presque romanesque, non parce que son récit est magnifié, mais parce qu'il possède une certaine beauté et gravité qui provoque chez le lecteur une envie de découvrir tous les détails de ce remarquable parcours. Du 4 décembre 1993 au 14 juin 1999, Ouanoughi devient le nouveau SUCH de Bouzaréah, période durant laquelle il relancera de nombreux projets à l'instar de celui des 118-Logements à Sidi-Youcef, ou encore celui de l'étude et la réalisation des travaux de viabilité des lotissements sociaux de la même commune. Mais cette fonction aura ses revers, et de nombreux conflits d'intérêt (présentés avec plus d'une trentaine de documents à l'appui), conduiront à une décision de mettre fin à ses fonctions en 1999, décidée par le directeur de l'urbanisme d'Alger. Par ces quelques souvenirs, anecdotes et chroniques, Amar Ouanoughi voudra rétablir la vérité, sur sa vie, sa profession et son parcours, un passage nécessaire peut-être pour cet homme qui a consacré sa vie à la "la construction de l'Algérie"
Mes mémoires, Amar Ouanoughi, ancien SUCH de Bouzaréah, de Amar Ouanoughi, à compte d'auteur, 160 pages, 2017