La libération du joueur du RC Relizane, Sid Ahmed Benayad, par la chambre de résolution des litiges de la FAF (CRL), suite à une plainte déposée par l'intéressé pour non-payement de 4 salaires pour un contrat de deux ans signé en juillet 2016, pose un problème d'éthique et de bon sens. En fait, la CRL n'a pas libéré Benayad pour non-payement de salaires, mais pour un retard de quelques jours dans le payement de sa rémunération mensuelle fixée contractuellement à 90 millions de centimes. Explication : le 1er juillet 2016, Benayad signe un contrat de deux ans et reçoit deux chèques correspondant au montant de deux mois de salaires (juillet, août). Le club détient des décharges pour ces deux chèques présentés dans le dossier à la CRL. Le 8 septembre 2016, Benayad reçoit son troisième salaire par virement. Au mois d'octobre, il reçoit le quatrième salaire, en novembre un cinquième, au mois de février deux salaires (voir document en fac-simili), soit les salaires de décembre et janvier. Il ne lui reste à encaisser que le mois de février. Cependant, au mois de mars, Benayad encaisse un salaire, et un autre au mois de juin, mais concernant le mois d'avril, puisque le virement a été effectué le 1er juin 2017. À cette date donc, il ne manquait à Benayad qu'un seul mois de salaire à récupérer (février). Il sera régularisé pour deux mois le 2 juillet 2017 (février et juin 2017). Du coup, au début juillet, le RCR ne devait aucun salaire à Benayad, sachant que le mois de juillet n'est pas compté (le payement se fait à la fin du mois n'est-ce pas ?). Entre-temps, le 27 juin, Benayad saisit la CRL pour non-payement de 3 mois, alors que le mois de juin n'avait pas encore pris fin. La loi stipule clairement qu'un joueur non payé pendant trois mois et un jour peut demander sa libération à la CRL, or les documents prouvent qu'il n'est jamais resté trois mois consécutivement sans être payé. Pis, le jour où la CRL s'est réunie pour trancher (soit à la fin juillet, puisque le verdict n'est tombé que mardi) après avoir entendu les deux parties, Benayad avait déjà encaissé un mois de salaire (avis de virement faisant foi) et reçu deux chèques. Mais au lieu d'accorder des circonstances atténuantes au RCR, qui a prouvé sa bonne foi en payant le joueur juste après le dépôt de la plainte, la CRL de la FAF a fait comme si le club n'avait pas payé les deux mois de salaire du mois de juillet. C'est un parti pris flagrant pour le joueur qui se retrouve du coup payé jusqu'au dernier centime (le mois de juillet n'étant pas encore achevé), libre de tout engagement alors qu'il lui reste une année de contrat et sans avoir besoin de racheter l'année de contrat qui lui reste à honorer. Ce qui constitue un grave préjudice causé par la FAF au RCR, quelques mois après lui avoir défalqué trois points pour les mêmes raisons, alors que d'autres clubs tout aussi endettés sont restés impunis. Benayad est libre de signer à l'ESS qui le convoite sans que le RCR profite de ce transfert qu'il ne comptait pas bloquer de toutes les manières, alors qu'il a reçu une offre de 1,6 milliard pour le transférer à un autre club. En fait, la CRL aurait dû accorder des inconstances atténuantes au RCR et lui donner un délai de quelques jours pour payer sa dette au lieu de le condamner pour quelques jours de retard. Cet exemple RCR illustre parfaitement le fonctionnement autoritaire et non conciliateur de la CRL qui, au lieu de tenter de trouver des solutions, s'est empressée de libérer un joueur qui a mis une année pour réclamer son droit. Certes, un joueur ne peut pas attendre éternellement avant d'être payé, c'est son droit de saisir la CRL, mais encore faut-il que la FAF apprécie en toute neutralité ces contentieux au risque de léser l'une des deux parties, surtout que des informations font état d'une annulation des décisions d'interdiction de recrutement prises par la CRL... En tout état de cause, la direction du RCR a déposé hier un recours auprès de la CRL. Le verdict est attendu pour aujourd'hui. SAMIR LAMARI