Dans un contexte de baisse des prix des hydrocarbures et de recul des réserves, la compagnie nationale n'a d'autre choix que de se réconcilier avec ses partenaires étrangers. Engagée dans une série de contentieux avec ses partenaires étrangers, la compagnie pétrolière algérienne Sonatrach a décidé d'assainir tous les litiges. Depuis des mois déjà, le groupe national des hydrocarbures multiplie les annonces sur la résolution "à l'amiable" de litiges qui traînaient au niveau des tribunaux d'arbitrage internationaux des années durant. Le dernier en date remonte à jeudi dernier, et il concerne l'usine d'ammoniac et d'urée de Mers El-Hadjadj (Arzew). En effet, Sonatrach a indiqué sur son site web que la société EI-Djazaïria El-Omania Lil Asmida (AOA), d'une part, et Mitsubishi Heavy Industries Ltd (MHI) et Daewoo Engineering & Construction Co Ltd (DEC), d'autre part, sont parvenues récemment à un accord global portant règlement à l'amiable des différends relatifs au contrat pour la construction d'une usine d'ammoniac et d'urée à Mers El-Hadjadj. Cet accord, qui met fin, à l'amiable, aux procédures d'arbitrage, "permet de renforcer davantage les relations de coopération dans l'intérêt des parties", note la même source. Cet accord permet ainsi "le redémarrage immédiat de l'usine et la reprise de la production", précise-t-elle. Quelques jours avant, soit dimanche dernier, Sonatrach avait annoncé avoir réglé à l'amiable un différend concernant des travaux au niveau de la raffinerie de Skikda avec Samsung Engineering. Le règlement à l'amiable a également concerné les différends relatifs à la résiliation du contrat de réhabilitation de la raffinerie d'Alger avec le groupe français Technip FMC. Certes, Sonatrach a eu gain de cause sur certains litiges, à l'instar de celui l'opposant à l'espagnol Repsol sur les modalités de partage de production. Mais bien que le litige fasse partie de la vie de toute compagnie pétrolière, les différends avec les groupes pétroliers internationaux ont coûté plusieurs milliards de dollars à Sonatrach. L'exemple du contentieux avec Anadarko est édifiant. Sonatrach a perdu 5 milliards de dollars dans cette affaire pour mauvaise application de la taxe sur les profits exceptionnels. Ces différents règlements de litiges à l'amiable permettent aux partenaires de Sonatrach de repartir sur de nouvelles bases en Algérie alors que le pays veut accroître ses capacités de production pour augmenter ses revenus. Dans une longue lettre adressée, fin juillet, au personnel de Sonatrach, le P-DG de la compagnie nationale des hydrocarbures, Abdelmoumen Ould Kaddour, avait indiqué que le règlement de l'ensemble des litiges et contentieux constitue un dossier qui requiert un grand intérêt dans la "feuille de route" de Sonatrach. "La réinstauration d'un climat de confiance avec nos partenaires étrangers est indispensable pour la poursuite de notre programme de développement, notamment dans l'activité amont", avait-il souligné. Dans un contexte de baisse des prix des hydrocarbures et de recul des réserves, la compagnie nationale n'a d'autre choix que de se réconcilier avec ses partenaires étrangers afin de lancer de nouveaux projets d'exploration et d'exploitation de gaz et de pétrole. De leur côté, les compagnies étrangères, jusque-là en conflit avec Sonatrach, ont à gagner en Algérie avec le lancement de nouveaux projets. D'ailleurs, dans le seul secteur du raffinage, Sonatrach vise une nouvelle approche économique basée sur la transformation locale des matières premières des hydrocarbures en vue de la création de la valeur ajoutée et de l'emploi. L'option prise pour que le raffinage se fasse en Algérie ouvre la voie à la réalisation, actée, de deux raffineries à Hassi Messaoud et à Tiaret dont les mises en œuvre devront être engagées, au plus tard, dès le début de l'année prochaine.