On ignore si c'est le résultat de pressions extérieures ou s'il s'agit d'un geste de clémence à l'approche des échéances électorales. Arrêté le 29 août dernier alors qu'il rendait visite à sa mère à Aïn Sefra et incarcéré depuis à la prison de Mostaganem, le président de la communauté ahmadie, Mohamed Fali, a été libéré hier après que le juge eut prononcé une peine à son encontre de six mois de prison avec sursis assortie d'une amende de 20 000 DA. Une décision qui s'apparente à un geste d'apaisement dans ce contexte de crise économique et d'incertitudes politiques. Selon son avocat, Me Salah Dabouz, son client pourrait faire appel de cette condamnation. Cette libération ne signifie pas pour autant que Mohamed Fali est au bout de ses peines puisqu'il est poursuivi par pas moins de six tribunaux à travers le pays. Et tous, pour les mêmes chefs d'inculpation : "collecte de fonds sans autorisation", "constitution d'association sans agrément" et "atteinte au Prophète (Qsssl)". Dans un communiqué rendu public hier, Amnesty International, l'une des ONG qui n'a pas cessé d'appeler, depuis plusieurs mois, les autorités algériennes à l'abandon des poursuites contre les Ahmadis, s'est réjouie de cette libération même si elle juge la condamnation "inacceptable". "La libération de Mohamed Fali aujourd'hui (hier, ndlr) est un soulagement, bien que la peine de prison que le tribunal d'Aïn Tedles lui ait infligé, même avec sursis, reste inacceptable. N'oublions pas que d'autres Algériens sont aujourd'hui derrière les barreaux pour l'exercice pacifique de la religion ahmadie. Ils doivent être libérés immédiatement, car personne ne doit être privé de sa liberté pour l'exercice de la religion. Finalement, il est grand temps que l'Algérie modernise les lois qui ont permis ces détentions injustes et adopte une législation qui respecte les droits humains", a déclaré Sirine Rached, chercheuse au bureau Afrique du Nord d'Amnesty International basé à Tunis. Selon la Laddh, ils sont quelque 240 Ahmadis à être poursuivis sur environ 2 000 adeptes que compte cette communauté. AI rappelle que la Constitution algérienne ne garantit pas pleinement le droit à la liberté de religion, la question de la réglementation des pratiques et des lieux de culte étant laissée à la législation nationale, très restrictive. "Le droit interne prévoit des règles spécifiques pour encadrer les cultes des personnes considérées comme des non-musulmans, et la pratique collective d'une religion en dehors du cadre réglementaire prévu par l'Etat est passible de poursuites pénales", rappelle-t-elle encore. Reste que pour les autorités algériennes, certains groupes religieux, comme les Ahmadis, sont considérés comme une secte et portent atteinte au référent religieux national. Dans son plan d'action qu'il présentera dimanche prochain, Ouyahia promet de lutter contre les "groupuscules religieux". "Le gouvernement veillera avec fermeté à la protection des mosquées et des imams, à préserver la société, avec la force de la loi, de toute tentative de semer la confusion en son sein, par le fait de sectes et de groupuscules religieux étrangers à nos riches traditions musulmanes." Karim Kebir