À entendre les déclarations du vice-président de la FAF, Bachir Ould Zmirli, au sujet de la nomination du futur sélectionneur national après le limogeage de Lucas Alcaraz, l'on croirait, sans doute, à une urgence nationale. "Nous avons écarté l'idée de désigner un staff technique intérimaire juste pour diriger le prochain match face au Nigeria le 10 novembre. Le prochain sélectionneur sera désigné la semaine prochaine avec en ligne de mire la préparation de ce dernier match des qualifications du Mondial", explique le responsable fédéral de la commission chargée de la gestion de la sélection nationale. Ouvrons ici juste une parenthèse pour préciser qu'Ould Zmirli a été sommé de faire cette déclaration et d'épouser l'option du MJS (Madjer), alors qu'il avait plutôt plaidé mercredi, lors de la réunion du bureau fédéral, pour la candidature de Belmadi, juste pour éviter des ennuis à venir sachant qu'il est candidat aux prochaines élections sous la bannière du RND. Du reste les pressions politiques ont amené tout le bureau fédéral à se rallier à la cause de Madjer, y compris le président Zetchi. Au-delà donc de la problématique de l'ingérence criante dans les affaires de la FAF devenue récurrente depuis quelques mois, il y a donc lieu de s'interroger sur la pertinence de nommer avec autant de célérité un coach national alors que l'EN n'est à la porte d'aucune échéance décisive jusqu'au mois de septembre 2018. Explications : le 10 novembre prochain, les Verts disputeront un match quasi amical contre le Nigeria. D'ailleurs cette rencontre est plus importante pour les Nigérians qui veulent soigner davantage leur classement Fifa dans la perspective du tirage au sort du Mondial-2018, prévu au mois de décembre. À la mi-mars 2018, l'EN disputera le second match des éliminatoires de la CAN-2019 en Gambie. Au début du mois de septembre 2018, les Verts en découdront avec le Bénin. Il n'est pas besoin d'être grand clerc pour déduire qu'avec la nouvelle formule de la CAN (24 équipes qualifiées), les Verts n'auront aucun problème à poser leurs valises au Cameroun en... juin 2019. C'est-à-dire que quand bien même la FAF attendrait l'après-Mondial-2018 à l'issue duquel des entraîneurs de qualité se rendront disponibles, le nouveau coach national aura une année pour préparer la CAN-2019 et les éliminatoires du Mondial-2022, objectif principal des Algériens d'autant plus que c'est la première fois dans l'histoire du football que la Coupe du monde sera organisée dans un pays arabe, le Qatar. Un rendez-vous que l'Algérie ne peut pas se permettre de rater. Autrement dit, l'urgence aujourd'hui n'est pas de trouver un entraîneur local et bon marché juste pour absorber la colère de la rue, mais de mettre en place une véritable politique d'urgence pour qualifier les Verts au Mondial-2022 et lui donner surtout les moyens d'y faire bonne figure. Pas sûr, malheureusement, que Zetchi et son mentor Ould Ali auront compris finalement les enjeux à venir ! SAMIR LAMARI