Le prince hériter d'Arabie saoudite a été reçu hier par Bush dans son ranch texan. Ce geste symbolique ne doit cependant pas faire perdre de vue les multiples ressentiments que les américains nourrissent à l'égard de ce plus grand pays producteur de pétrole. Un traité stratégique lie les deux pays depuis 1945, mais l'Amérique de Bush n'a plus la même disposition ni la même compréhension à l'égard de la famille wahhabite. Depuis les attentats de New York, Riyad est sous pressions pour contribuer plus efficacement à la lutte anti-terroriste et, surtout, pour réformer, de fond en comble, son système politique, le plus archaïque dans le monde. Riyad mène d'importants efforts contre ses propres extrémistes, accusés de travailler pour le compte d'Al Qaïda. Pour les réformes, Riyad se prévaut d'élections municipales, les premières du genre dans le pays, mais cela est insuffisant aux yeux de Bush qui ne s'empêche pas de brocarder le régime saoudien pour de graves manquements aux libertés fondamentales. Il ne désespère pas de voir l'Arabie saoudite s'appliquer la recette contenue dans le projet du Grand Moyen-Orient. Le porte-parole de la Maison-Blanche, Scott McClellean, a confirmé l'examen de cette question sensible, lors des entretiens américano-saoudiens, précisant que Bush s'est appesanti sur ses efforts pour promouvoir les réformes démocratiques dans les pays arabes, qui commencent, selon lui, à donner des fruits (élections en Irak et en Palestine, changements au Liban et engagement d'ouverture en Egypte). Le dossier israélo-palestinien a figuré dans le menu. Le prince héritier a remis sur la table le plan de paix arabe, datant de 2002, et qui vient d'être réactivé lors du dernier Sommet de la Ligue arabe, tenu fin mars à Alger. La résolution offre à Israël de normaliser ses relations avec les pays arabes, en contrepartie de son retrait des territoires arabes occupés. Mais, la Maison-Blanche a manifesté peu d'intérêt à ce plan, se bornant à soutenir le plan d'évacuation de Sharon. L'autre sujet sensible et d'actualité est la hausse des prix du pétrole, dont certains experts estiment qu'elle joue un rôle dans la récente baisse de popularité de Bush. Riyad a promis de faire tourner à pleine capacité sa production ; son ministre du pétrole a même indiqué que son pays fournit “tout le pétrole réclamé par ses clients”. En contre-partie des marges de manœuvres dans la conduite des réformes que les wahhabites veulent conduire à leur propre rythme. Human Rights Watch, l'Ong qui a l'oreille de la Maison-Blanche, réclame de Riyad la cessation de la répression dont font l'objet les réformateurs saoudiens. D. B.