Dans cet entretien, le porte-parole du comité de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements revient sur ce qui a été dit sur le blocage du projet de Cevital lors de l'émission de Canal Algérie diffusée jeudi dernier, consacrée au rôle des ports. Il réagit aussi à ce qui est colporté par certains médias qui, s'appuyant sur des sources anonymes, tentent de polluer un débat qui, pour la première fois, a fait irruption dans les médias lourds. Liberté : Vous avez, sans doute, suivi l'émission de Canal Algérie, diffusée il y a une semaine, consacrée au rôle des ports dans le développement économique et dans laquelle le conflit Cevital-EPB a été évoqué. Qu'en avez-vous retenu ? Mourad Bouzidi : J'ai effectivement suivi l'émission. Mais je dois rappeler que, dans ce conflit liant Cevital à la direction du port de Béjaia (EPB), il s'agit d'abord du droit de décharger des équipements régulièrement importés par une entreprise privée. Il y a lieu de noter que l'EPB est une société publique de services portuaires, à caractère commercial. À ce titre, elle gère les flux de marchandises entrant et sortant du port de Béjaïa. Les seules informations qu'elle est habilitée à demander dans le cadre d'une opération de déchargement de marchandises ou d'équipements sont clairement explicitées dans l'article 73 du décret 02-01 du 06 janvier 2002. L'EPB, en tant qu'entreprise de services portuaires, n'a aucune prérogative pour demander une quelconque autorisation concernant un investissement. Cela dit, je reviens à votre question pour dire que je retiens trois points de l'émission de Canal Algérie sur le rôle des ports dans le développement économique du pays. Le premier : pour la première fois depuis le début de ce conflit, ce sujet du blocage du projet de l'usine de trituration de graines oléagineuses de Cevital est abordé par un média lourd public. Notre comité s'en félicite même si je relève qu'aucun représentant de Cevital ou de notre comité n'a été invité sur le plateau. Cela aurait sans doute permis de mieux éclairer l'opinion. Mais le fait qu'un média comme Canal Algérie traite la question est déjà un point de marqué pour le combat que nous menons. Le deuxième : outre le fait que le DG du port de Béjaïa qui, bizarrement, n'a même pas daigné représenter le port qu'il dirige, préférant déléguer le directeur des zones extra-portuaires qui n'est pas en charge du dossier a, une fois de plus, une fois de trop, usé de mensonges pour justifier — par la voix de son représentant — son refus de traiter et de décharger les navires transportant les équipements destinés à l'usine de trituration de Cevital. Des mensonges qui démontrent sa volonté de nuire aux intérêts du groupe Cevital. En effet, lors de cette émission, le représentant du DG du port a laissé entendre que ce blocage est dû au fait que Cevital envisage d'implanter cette unité dans le domaine portuaire. "Je ne comprends pas pourquoi cette obsession à vouloir le faire à l'intérieur du port", a-t-il dit. Lors d'une rencontre organisée par notre comité, les parlementaires de Béjaïa, toutes tendances confondues, les élus locaux et des représentants de la société civile de la région ont visité, le 14 juin dernier, en compagnie du président-directeur général du groupe Cevital, Issad Rebrab, et de Saïd Beniken, directeur exécutif du groupe Cevital, le terrain acquis par le groupe, situé dans une zone industrielle, à l'extérieur du port et dédié à l'installation de cette usine de trituration. Il est en effet de notoriété publique, et le DG de l'EPB ne peut l'ignorer, que le groupe Cevital a acquis un terrain privé dans une zone industrielle, à l'extérieur du port, destiné à accueillir ce projet. Le troisième : Mohamed Ibn Boussehaki, directeur des ports et de la marine marchande, avait affirmé, dans la même émission télévisée, que si Cevital disposait d'un terrain en dehors du port de Béjaïa pour accueillir son projet, toutes les facilités lui seraient accordées. Les plus hautes autorités du pays ainsi que l'opinion publique nationale sont désormais prises à témoin. M. Ibn Boussehaki sait, lui aussi, que Cevital dispose d'un terrain à l'extérieur du port. Il est donc tenu de mettre en œuvre son affirmation et d'exiger du port de Béjaïa de procéder au déchargement de tous les équipements destinés à l'usine de trituration de Cevital.
M. Ibn Boussehaki a déclaré que si le groupe Cevital projette de réaliser son usine de trituration de graines oléagineuses hors de l'enceinte du port cela ne devrait pas poser de problème. Mais une source anonyme du ministère des Transports, citée par un organe public, a accusé la presse d'avoir "mal interprété" les propos dudit directeur. Comment analysez-vous cette manière de communiquer du ministère des Transports ? Il ne faut surtout pas tomber dans le piège de la manipulation : cette agitation n'a d'autre explication que la volonté des forces du mal à forcer la main aux autorités et à parler au nom d'hommes forts supposés du pouvoir, pour casser Cevital et bloquer le développement économique de notre région. Ces dernières années, ils sont nombreux à parler "au nom du Président" ou du "frère du Président". Le DG du port doit cesser de gérer cette affaire sur la base de coups de téléphone. Certains cercles mafieux — sous le couvert de l'anonymat — s'expriment à la place de nos institutions. Ennahar et El-Massa peuvent gesticuler autant qu'ils veulent, les enregistrements de l'émission sont là et les "messages" que véhiculent ces médias sont la preuve que la crédibilité de nos institutions est plus que jamais mise à mal. Pour notre part, il n'y a que la voix officielle du gouvernement qui nous intéresse. Elle tarde à se faire entendre mais nous l'attendons encore.
Cette source anonyme du ministère des Transports affirme que l'affaire reste pendante au niveau de la justice. Qu'en est-il réellement ? C'est encore un mensonge. Actuellement, il n'y a aucune affaire en justice liée à cette affaire. La seule affaire en justice est celle qui me concerne, moi, en ma qualité de porte-parole du comité de soutien aux travailleurs de Cevital. J'informe, à l'occasion, l'opinion publique nationale que le DG du port a déposé plainte contre ma personne pour diffamation. Cette affaire sera traitée par la justice le 05 décembre prochain. J'invite, à l'occasion, M. Djelloul Achour, qui doit savoir que l'on ne défend pas son honneur par procuration, de venir lui-même le 5 décembre prochain pour une confrontation devant le juge.