Une foule dense a battu le pavé depuis le campus de Targa Ouzemmour jusqu'à la stèle érigée à la mémoire de l'auteur de "Mesmar Jeha", assassiné le 3 décembre 1994. Ni la pluie battante ni le froid glacial n'ont empêché, dimanche soir, les animateurs de l'association Azday Adelsan Amazigh (AAI) de l'université de Béjaïa d'organiser leur marche silencieuse, ponctuée par un rassemblement à la place de la Liberté de la presse, sise à la cité Rabéa, en hommage au défunt journaliste, Saïd Mekbel, natif de la ville des Hammadites, assassiné le 3 décembre 1994, à Alger, par des terroristes armés. En effet, quelques dizaines d'étudiants ont bravé ces mauvaises conditions climatiques pour battre le pavé depuis le campus universitaire de Targa Ouzemmour jusqu'à la stèle érigée à la mémoire de Saïd Mekbel. En tête de la marche, une banderole annonce la couleur "Hommage à Saïd Mekbel". Vers 18h, la procession humaine arrive à son point de chute, après avoir parcouru une distance de pas moins de trois kilomètres. Une fois sur les lieux, les manifestants allument des bougies sur la placette Saïd-Mekbel, à la mémoire du journaliste éponyme. Des militants politiques et associatifs, à l'image des animateurs du Café littéraire de Béjaïa, des syndicalistes autonomes, dont le représentant du Snapap, se sont joints à ce rassemblement auquel a également pris part Nazim Mekbel, le fils du journaliste assassiné. Lors d'une prise de parole devant la foule compacte, certains intervenants, dont les organisateurs de la manifestation, se sont relayés au micro pour rappeler le combat et le sacrifice de l'ancien directeur du quotidien Le Matin, qu'on a qualifié de "martyr de la plume". Le président de l'association organisatrice (AAI), Massi Mouri, a, pour sa part, lu une déclaration rendue publique, à cette occasion, par son organisation estudiantine, et à travers laquelle, il tient à rappeler que "le peuple a payé un lourd tribut pour l'instauration d'un Etat de droit et une Algérie indépendante, démocratique et sociale, fondée sur les valeurs universelles". L'orateur notera que "la confiscation de toutes les libertés, par un régime totalitaire et répressif, a poussé le peuple algérien à se révolter dès l'indépendance du pays". Les rédacteurs de la même déclaration soulignent que "le pouvoir algérien, fidèle à ses manœuvres dictatoriales et à son caractère policier, tente, par tous les moyens, d'étouffer toute voix libre qui consiste à conscientiser les masses populaires et d'éclairer l'opinion publique sur les défis du moment, ou de dénoncer leurs plans diaboliques adoptés par leurs gouvernements pour assurer leur pérennité". Par ailleurs, les animateurs de l'association Azday Adelsan Amazigh ont tenu à dénoncer le rejet, par les députés de l'alliance présidentielle, de la proposition émise par une parlementaire du Parti des travailleurs (PT), qui a suggéré d'établir un budget pour la promotion de la langue amazighe dans le projet de la loi de finances pour l'année 2018. Kamel Ouhnia