Face à la dangerosité de ce jeu qui pousse au suicide, les parents ont pris peur, mais sont surtout désemparés face à l'absence de parade efficace. Le jeu morbide "Blue whale challenge" ou "Jeu de la baleine bleue" ne laisse pas indifférents les Béjaouis. C'est tout le monde qui en parle, même s'ils n'ont pas beaucoup d'informations sur cette connection qui pousse au suicide, hormis, bien sûr, ce qu'a rapporté la presse et ce que les réseaux sociaux véhiculent comme commentaires d'internautes. Les plus inquiets sont bien évidemment les parents d'élèves, puisque les cinq premières victimes – l'une d'elles est dans un état comateux — sont des lycéens, âgés de 15 et 17 ans, et une écolière de 9 ans. Le suicide des deux adolescents scolarisés au lycée Maâla, dans la région de Sidi-Aïch, les a inquiétés au plus haut point. Approché, Rabah, qui travaille dans le secteur de la santé, avoue son inquiétude : "Vous savez, j'ai un garçon de 15 ans, addict à Internet comme tous les enfants de son âge. J'ai flippé quand on m'a parlé de ce jeu morbide qui conduit au suicide. J'essaie de discuter avec lui, avec l'aide de ses frères aînés, car je crains qu'il ne soit trop tard. Je pense aux parents qui doivent, certainement les pauvres, se faire des reproches. Comment n'a-t-on rien vu ? Très sincèrement, j'ai peur." Une femme, qui sortait d'un magasin, s'est jointe à nous avant d'exprimer sa peur : "Ma fille de 11 ans et demi, écolière à Sétif, est accro à l'informatique et aux jeux vidéo. Je la laisse faire car elle est étroitement surveillée par mes frères et sœurs, ainsi que par mon mari. Malheureusement, moi, je ne peux rien faire. Je croise les doigts pour qu'elle ne rencontre jamais ces criminels qui se cachent à des milliers de kilomètres de chez nous. On me dit que ça vient de Russie. Avec ces suicides, je suis devenue plus vigilante. Son père aussi. Je pense que je vais finir par ne plus la laisser seule devant son micro. Mais encore une fois, je suis une profane." La dame a poursuivi en disant : "Ce matin, ma fille m'a raconté que tous les élèves en parlaient. Et elle m'a demandé ce que c'était ce jeu de la baleine bleue ? J'ai dû lui expliquer pour la sensibiliser afin qu'elle fasse attention lorsqu'elle sera connectée à son micro et que je serai distraite. Mais en même temps pour atténuer les propos de ses camarades de classe, qui ont tendance à forcer le trait. Je craignais en même temps de la déconcentrer parce qu'elle est en plein examen. C'est un vrai dilemme : elle est curieuse ; elle veut comprendre. Mais en même temps, il faut qu'elle soit concentrée." Avant de partir, elle a demandé aux journalistes de toujours parler de ces suicides pour interpeller et les pouvoirs publics et les parents d'élèves. Enfin, Samir, qui tient un kiosque dans un quartier de la périphérie de Béjaïa, a confirmé que depuis qu'il a ouvert, ses clients parlent sans cesse de ce jeu, qu'il a du mal à s'imaginer. Mais le nombre de suicides enregistré en si peu de temps l'effraie. "Vous savez, j'ai un petit garcon de 5 ans et demi. Et il n'arrête pas de jouer avec mon portable. Ils sont nés avec la technologie. On aura du mal à les en détacher. Il faut démasquer ces gens-là, qui jouent avec la vie de nos adolescents. Au lieu d'interdire des portails d'information, la ministre des TIC gagnerait à faire son travail dans ce cas précis. Et c'est tout le monde qui applaudira." M. Ouyougoute