S'il y a un fait politique à retenir de l'exercice qui s'achève, c'est inéluctablement les changements de gouvernement, pour le moins spectaculaires, opérés par le président Abdelaziz Bouteflika. Il s'agit notamment des remaniements ayant concerné la chefferie du gouvernement, avec les deux remplacements successifs et en un laps de temps relativement court, après le remerciement, en mai, d'Abdelmalek Sellal, remplacé par Abdelmadjid Tebboune, puis le remplacement de ce dernier, moins de 90 jours plus tard, soit au mois d'août, par Ahmed Ouyahia. Spectaculaires, ces remaniements suivis chacun d'un léger lifting, l'ont été dans la forme et dans le fond. Très rapprochés dans le temps, ils ont été émaillés par des couacs jusqu'alors inédits dans les annales. L'on retiendra particulièrement la nomination éphémère de Messaoud Benaggoun, proposé par le parti d'Amara Benyounès, le MPA, au poste de ministre du Tourisme avant son éjection en moins de 48 heures. Re-nommé au même poste dans l'ultime remaniement gouvernemental, il se verra, une seconde fois, donc, viré. Cette fois-ci au bout de quelques minutes seulement. La courte ère Tebboune, bombardé à la tête du gouvernement au lendemain des élections législatives, aura été marquée par des décisions qui mettront en émoi l'oligarchie, allant jusqu'à susciter le mécontentement du cercle présidentiel. Le président du FCE, Ali Haddad, trouva en Saïd Bouteflika le levier qui l'aidera à évincer le Premier ministre qui, d'ailleurs, fera l'objet d'une cabale médiatique féroce. Son escapade à Paris, durant ses vacances, lui vaudra d'être la cible d'une campagne incendiaire. On comprendra par la suite que Tebboune avait signé l'arrêt de mort de son gouvernement dès qu'il a eu l'idée de s'en prendre au pouvoir de l'argent. Un argent qui fait, plus que tout, bon ménage avec la politique. Le changement du gouvernement au mois de mai fut pourtant accueilli avec un préjugé favorable par une opinion qui avait fini par se lasser d'un Abdelmalek Sellal un peu trop porté sur les calembours et dont on disait qu'il n'avait aucune emprise sur son équipe. D'aucuns parlaient même d'un gouvernement dans un gouvernement. Tebboune était censé faire mieux que Sellal mais surtout autrement. Il en a fait la tentative. Mais au moment où il croyait asseoir alors sa stratégie, il est limogé. Brutalement. Contre toute attente, c'est Ahmed Ouyahia qui lui succédera. Ce dernier, habitué du Palais du gouvernement, fera, dès son retour aux affaires, tout pour effacer le passage éphémère de Tebboune. De l'équipe gouvernementale sortante, quelques survivances seulement. Beaucoup de ministres connaîtront la même infortune que Tebboune. Les ministres de l'Industrie, du Commerce et de l'Habitat, en l'occurrence Mahdjoub Bedda, Ahmed Saci et Youssef Chorfa, ne sont pas retenus. Ils seront remplacés respectivement par Youcef Yousfi, Mohamed Benmeradi et Abdelwahid Temmar. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les remaniements gouvernementaux opérés en 2017 par Bouteflika auront été des plus singuliers qu'il a été donné de noter. Farid Abdeladim