Une trentaine de ministres de pays membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) se retrouvent à Paris demain pour tenter de relancer les négociations sur la libéralisation des échanges qui sont “au bord de la crise”, de l'aveu même du patron de l'institution. La réunion “mini-ministérielle”, qui se tient en marge de la rencontre annuelle de l'OCDE, vise à stimuler des pourparlers qui ont peu avancé depuis un préaccord intervenu l'été dernier au siège de l'OMC à Genève. Depuis le lancement du cycle de Doha au Qatar en novembre 2001, les 148 pays membres butent toujours sur la rivalité entre des pays en développement, qui exigent que les pays riches ouvrent davantage leur marché à leurs produits agricoles, et des pays développés, qui réclament en échange davantage d'ouvertures commerciales pour les produits industriels et les services. “Nous sommes au bord de la crise, nous ne sommes pas encore en crise (mais) si nous ne faisons pas de progrès substantiels au mois de mai, nous le serons”, a déclaré jeudi dernier le directeur général de l'organisation, Supachai Panitchpakdi. Les négociateurs ont jusqu'à présent raté toutes les échéances qui avaient été fixées à Doha. Le cycle, qui aurait dû s'achever fin 2004, ne devrait désormais pas se conclure avant la fin de 2006. Les Etats se sont fixé pour objectif de définir avant fin juillet une “première approximation” sur les “modalités” de la négociation, accord qui serait ensuite soumis à la conférence ministérielle de l'OMC en décembre à Hong Kong. Il resterait un an pour boucler la négociation. “À l'allure où nous allons, nous n'y arriverons pas en juillet et nous n'y arriverons pas en décembre”, a averti M. Supachai. La réunion de Paris sera la première sortie internationale du nouveau représentant américain pour le Commerce, Rob Portman, en fonction depuis vendredi. “J'espère pouvoir apporter une nouvelle impulsion de la part des Etats-Unis pour aider à trouver une solution” à la question de l'accès au marché des produits agricoles, a déclaré M. Portman dans une interview publiée hier par le Wall Street Journal. Malgré des semaines de discussions à Genève, ce dossier bute sur une question technique mais cruciale : celle de la conversion en pourcentage de tous les droits de douane appliqués aux produits agricoles. Ces droits sont souvent exprimés en euros ou en dollars par tonne, et il est fondamental de les exprimer en pourcentages pour pouvoir ensuite discuter de leur réduction. Les Etats ont, en effet, décidé que les droits les plus élevés devront faire l'objet des réductions les plus fortes. Le conclave parisien ne rassemble qu'un cinquième des pays membres de l'OMC, mais ces réunions en petits comités sont parfois plus propices au consensus, encore que la dernière, organisée en mars au Kenya, n'a guère fait avancer les travaux. Une autre miniministérielle est prévue en Chine en juillet prochain.