La dernière décision du bureau fédéral de la FAF d'interdire le recrutement pour les équipes des Ligues 1 et 2, n'ayant pas réglé avant le 15 janvier les contentieux au niveau de la chambre de résolution des litiges (CRL), semble avoir créé une certaine confusion. En effet, alors que des équipes ont fait signer de nouvelles recrues, elles ne sont pas pour autant assurées de pouvoir les qualifier d'ici la fin du présent mercato, qui sera clôturé dans cinq jours. Ils sont pour ainsi dire otages des décisions de la CRL sachant que les joueurs, encouragés par une telle mesure de la FAF, n'hésitent plus à déposer des réclamations à la CRL pour bloquer le recrutement des équipes. Une pression certaine induite directement par la décision de la Fédération. Cette confusion aurait put être évitée si la chambre de résolution des litiges avait pris la peine de rendre publiques ses décisions en toute transparence avant le début du mercato (15 décembre) et les transmettre à la commission de discipline pour justement faire appliquer la décision d'interdiction de recrutement et éventuellement la sanction de défalcation de points. À charge ensuite à la CRL de trancher les plaintes reçues après le début du mercato et prévoir leur traitement en commission de discipline de la LFP en perspective du prochain mercato d'été. Bref, il fallait tout simplement tracer une feuille de route claire pour éviter cette situation kafkaïenne. Il faut noter que selon les dispositions de la Fifa, un club n'ayant pas payé un joueur ou un entraîneur, et condamné par la CRL à des remboursements, est automatiquement sommé par la commission de discipline de la LFP de le faire dans un délai d'un mois, sous peine de défalcation de points. En revanche, la Fifa n'évoque pas dans ces cas précis l'interdiction de recrutement, qui reste donc visiblement une invention algérienne, battue en brèche du reste par le président de la LFP, Mahfoud Kerbadj. Absence de feuille de route "Personnellement, je plaide contre cette sanction d'interdiction recrutement, inefficace. Les orientations de la Fifa sont claires : d'une part, les clubs qui ne payent pas les joueurs plus de deux mois consécutifs perdent ces joueurs qui peuvent signer dans le club de leur choix. D'autre part, la Fifa insiste sur la mesure de défalcation de points que nous pouvons décider au sein de la commission de discipline de la LFP sur la base des verdicts de la commission de résolutions des litiges de la FAF. Donc, au lieu d'interdire à un club de recruter, je pense qu'il faut se limiter à lui défalquer des points. Je suis sûr que le président de ce club va se débrouiller pour payer sa dette lorsqu'il verra que son club risque une défalcation irréversible de points. Il faut savoir en effet qu'une fois la défalcation décidée par les deux commissions de discipline et de recours, elle est sans appel", confie Kerbadj à Liberté. Le premier responsable de la LFP avait tenté de sensibiliser la FAF, lors de la réunion du bureau fédéral sur la question mais il n'a pas été écouté. "Les notifications de la CRL continuent de parvenir à la LFP. Chaque jour, nous avons un nouveau club interdit potentiellement de recrutement. Nous étions il y a quelques jours à 16 clubs et là nous en sommes à plus de 20. Du coup, il est difficile de trancher, mais une chose est sûre, la LFP ne prendra en compte que les notifications pour les affaires datées d'avant le mercato. Nous ne pouvons pas faire appliquer une décision d'interdiction de recrutement dès maintenant à un club qui fait l'objet d'une réclamation d'un joueur ou d'un entraîneur durant l'actuel mercato, c'est-à-dire ces derniers jours. C'est aberrant ! Ce sera appliqué pour le mercato de l'été prochain pour éviter toute précipitation. Notre objectif n'est pas de mettre le couteau sous la gorge des présidents de club mais de les amener au moins à payer les dettes qui datent de plusieurs mois, comme ce fut le cas pour la JSK qui a payé ses ex-joueurs et a réussi donc à éviter l'interdiction de recrutement. En effet, la JSK a été le seul club à qualifier ses deux nouvelles recrues, Benyoucef et Hamar pour la reprise du championnat, après avoir apporté les preuves que ses ex-joueurs ont été payés conformément aux notifications de la CRL". C'est dire que d'ici la fin du mercato, la LFP doit trancher et vite. De son côté, le représentant des clubs au sein de la CRL, Abdelkrim Medouar, président de l'ASO, a estimé hier dans une déclaration à Liberté que "la CRL fait de son mieux pour finaliser les dossiers en suspens. Rien que pour les derniers jours, nous avons réglé 20 contentieux. D'autres sont en voie de règlement. Il faut savoir que d'autres plaintes parviennent à la CRL et nous essayons dans la mesure du possible de trancher afin de ne pas pénaliser et les joueurs et et les clubs par rapport au mercato, mais il faut effectivement éviter la précipitation". Et d'ajouter : "Nous transmettons toutes nos notifications à la LFP pour son étude en commission de discipline seule habilité à prendre des mesures. Le volet disciplinaire n'est pas de notre ressort." SAMIR LAMARI