Le gouvernement de Benjamin Netanyahu multiplie les actions pour asphyxier l'Autorité palestinienne. Après la loi sur les exécutions de Palestiniens au motif de "terrorisme", l'occupant israélien s'apprête à en adopter une autre qui touche directement les finances de la Palestine. Il s'agit de la proposition présentée à la Knesset par le ministère israélien de la Défense visant à déduire les paiements de liquidités versées aux prisonniers palestiniens et à leurs familles des revenus fiscaux israéliens reversés annuellement à l'Autorité palestinienne. C'est ce qu'a rapporté le média israélien Times of Israël dans son édition francophone. Pour justifier son projet de loi, le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman a indiqué dans un communiqué que "l'Autorité palestinienne verse plus d'un milliard de shekels chaque année aux terroristes et à leurs proches, encourageant et perpétuant par conséquent le terrorisme". Selon le communiqué du ministère israélien de la Défense, ce projet de loi touchera les paiements en espèces versés par l'Autorité palestinienne aux Palestiniens détenus ou blessés et à leurs proches, et s'appliquera aussi aux Palestiniens qui ont commis d'autres crimes pour lesquels ils sont indemnisés. Rappelons que l'Organisation de libération de la Palestine verse mensuellement des salaires aux familles des détenus palestiniens incarcérés en Israël ainsi qu'aux familles des "martyrs". D'après les chiffres fournis par le ministère israélien de la Défense, l'Autorité palestinienne a versé 687 millions de shekels durant l'année 2017 au "fonds des familles de martyrs" et 550 millions de shekels au club des prisonniers palestiniens – ce qui représente environ 7% de son budget global. À en croire la même source, citée par Times of Israël, les détenus palestiniens, qui purgent une peine de prison de 20 à 30 ans perçoivent une pension mensuelle de 10 000 shekels, alors que ceux purgeant une peine de 3 à 5 ans ont un salaire mensuel de 2000 shekels. Si ce projet de loi est adopté, le ministère israélien de la Défense convoquera chaque année un panel ministériel pour évaluer le montant des réductions sur les revenus fiscaux collectés pour l'Autorité palestinienne. Rappelons qu'en vertu d'un accord qui date de 1994, Israël transfère à l'Autorité palestinienne annuellement des dizaines des millions de dollars en droits de douanes sur les biens destinés aux Palestiniens transitant via les ports israéliens. En dépit de toutes les pressions israéliennes, l'Autorité palestinienne a catégoriquement refusé de mettre un terme aux paiements versés aux prisonniers palestiniens. En effet, Mahmoud Abbas a affirmé en juin 2017 que les "versements de soutien aux familles sont une responsabilité sociale consistant à s'occuper d'innocents touchés par l'incarcération ou la mort de ceux qu'ils aimaient". "C'est une rhétorique raciste de qualifier tous nos prisonniers politiques de terroristes. Ils sont en effet les victimes de l'occupation, et non les créateurs de cette occupation", avait-il souligné. Merzak Tigrine