Cette institution financière internationale issue des accords de Bretton Woods prévoit pour l'Algérie un taux de croissance de 3,6% en 2018, au lieu de 1% pronostiqué dans son rapport de juin 2017. La Banque mondiale (BM) vient de rendre public son rapport semestriel sur les perspectives économiques mondiales. Et, au chapitre consacré aux perspectives de croissance dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena), elle a revu à la hausse ses prévisions de croissance en Algérie pour 2018 et 2019. En termes chiffrés, la croissance du PIB de l'Algérie devrait ainsi s'établir à 3,6% en 2018, contre 1% prévu dans le rapport de la BM publié en juin 2017, soit une hausse de 2,6 points. Un rebond inespéré ? Un tel sursaut de croissance est notamment "soutenu par les nouvelles mesures budgétaires du gouvernement concernant le financement de l'investissement", est-il expliqué dans le document de l'institution de Bretton Woods. Il y a quelques mois, le FMI avait souligné que la croissance économique en Algérie devrait ralentir à... 0,8% en 2018. La Banque mondiale, a également ajusté à la hausse ses prévisions de croissance pour 2017 à 2,2%, contre 1,8% prévu initialement, ce qui représente un écart de 0,4 point. Si la croissance devait se tasser légèrement en 2019 à 2,5%, elle resterait cependant en hausse d'un point par rapport à la prévision de 1,5% anticipée en juin dernier, selon les mêmes pronostics formulés dans le document de la BM. Cette dernière met en avant le fait que les nouvelles dépenses d'investissement et les mesures budgétaires prévues dans la nouvelle loi de finances de 2018 devraient porter à la hausse la croissance de l'Algérie à court terme. En Algérie, y est-il écrit, les nouvelles dépenses publiques d'investissement liées au budget 2018 et l'orientation budgétaire "plus expansionniste que prévu" devraient "doper" la croissance à court terme. Selon les experts de l'institution multilatérale, l'Algérie va maintenir une cadence soutenue et fera mieux que la majorité des pays de la région Mena, y compris les exportateurs de pétrole, où la croissance va marquer le pas, sous les effets de facteurs liés à la crise pétrolière. La Banque mondiale a, en effet, abaissé ses prévisions de juin dernier pour trois pays du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Koweït et Oman), ainsi que pour le Maroc (-0,6 point) et la Tunisie (-0,3 point) en 2018. Le rapport de la BM note que de nombreux pays exportateurs de pétrole, à l'instar de l'Algérie, de l'Arabie saoudite ou de la Russie, ont entrepris des mesures pour "consolider leur budget et rééquilibrer les recettes et les dépenses" suite à la chute des prix du pétrole. La BM souligne que ces pays ont poursuivi leurs efforts de diversification économique, citant en cela l'Algérie, les Emirats arabes unis et le Nigeria qui ont réussi à "améliorer sensiblement" leur climat des affaires dans une démarche visant à doper l'investissement. Cependant, l'appréciation de la BM est à nuancer, car, le pays a effectivement fait des efforts en vue d'améliorer le climat des affaires. Mais, on n'en voit pas les résultats concrets. Son classement dans le Doing Business ne s'est pas amélioré. Plusieurs chantiers de réformes, dont les subventions, ont été ouverts mais qui n'avancent pas aussi vite que voulu. La BM a d'ailleurs noté dans son rapport que la réforme des subventions de l'énergie, menée par ces pays pétroliers, a été accompagnée en Algérie et en Arabie saoudite de mesures pour atténuer l'effet de la hausse des prix sur les plus démunis, tout en renforçant les filets de protection sociale. Youcef Salami