Liberté : Comment avez-vous été convaincu de dédier une soirée à l'humour algérien ? Jean-Marc Dumontet : Je n'ai même pas eu besoin d'être convaincu. Nous avons deux grands pays qui ont un passé commun douloureux et il est nécessaire de créer un avenir qui les rassemble, souriant et heureux. Même si je ne connais pas l'Algérie, je considère que c'est un pays frère avec lequel nous devons réduire la distance. Et l'une des façons de le faire est sans doute d'organiser ce genre de soirées. Il s'agit d'un engagement politique et citoyen de ma part. Il s'avère en plus que j'ai la chance d'avoir dans mon équipe Bilal Chegra qui connait très bien l'Algérie et avec lequel j'ai monté cette soirée. Je pense que la culture est un pont. La France et l'Algérie ne peuvent pas passer leur temps à s'ignorer et à se mal comprendre. Connaissez-vous l'humour algérien ou s'agit-il d'une véritable découverte ? Je ne connais pas l'humour algérien. Je le découvrirai et cela constitue un intérêt supplémentaire pour moi. Des talents de l'immigration algérienne en France font parler d'eux sur la scène artistique, dans le domaine de l'humour tout particulièrement. Cela vous surprend-t-il ? Pas du tout. La culture est parfois en avance et il y a des éclaireurs. Les jeunes humoristes de la nouvelle génération en font partie. Ces éclaireurs nous ont trouvé de nouveaux langages et de nouveaux terrains de jeu communs. Ils nous montrent à quel point les origines importent peu lorsqu'il s'agit de partage. Je veux mettre ces gens en avant et dans la lumière. Justement, avez-vous dans l'idée de rééditer l'expérience en organisant d'autres soirées franco-algériennes de l'humour, avec une palette d'artistes plus élargie ? Si la soirée que nous avons mise sur pieds est réussie et si le public est ravi, j'aurai évidemment envie de récidiver et d'aller plus loin. Personnellement, j'ai toujours envie d'aller plus loin car la vie est trop courte et il faut multiplier les aventures. La soirée qui se prépare est un premier pas. J'ai vraiment souhaité que cela s'appelle France-Algérie et Histoire d'en Rire pour montrer que tout cela n'était pas grave et qu'il faut trouver un ton badin pour dédramatiser les relations entre l'Algérie et la France. 2000 personnes sont attendues ce samedi. Si le succès est au rendez-vous, il y aura effectivement un prolongement. Le succès convaincra les humoristes qui ne sont pas venus, d'être présents la prochaine fois. Cela nous permettra aussi d'envisager pourquoi pas, un projet similaire en Algérie. Outre l'Algérie, pensez-vous mettre à l'honneur, un autre pays dans l'avenir ? Aujourd'hui, je ne pense pas du tout à un autre pays. L'Algérie, çà a du sens pour moi. J'ai été marqué l'année dernière pendant la campagne électorale par les répercussions des déclarations d'Emmanuel Macron lors de son voyage à Alger. Ses propos avaient choqué en France. J'ai trouvé hallucinant que le passé soit toujours ressenti de manière douloureuse, 55 ans après la fin de la guerre d'Algérie, que les deux pays ne parviennent pas à se réconcilier totalement. Il y a une frontière entre nos deux pays que je trouve regrettable. En Algérie, beaucoup de jeunes rêvent de la France. La France de son coté, reste frileuse vis-à-vis de l'Algérie. C'est juste dommage.