Le salon de coiffure où Anissa s'était rendue était bondé de monde. Elle avait pris rendez-vous la veille, mais elle était arrivée en retard, et une autre cliente avait pris sa place. Maintenant, elle devrait attendre patiemment qu'une des coiffeuses se libère pour s'occuper d'elle. Elle jette un énième coup d'œil à sa montre-bracelet. Son mari viendra la récupérer dans trois quarts d'heure environ. Sera-t-elle prête en un laps de temps aussi court ? Une coiffeuse s'approche enfin. -C'est votre tour, madame. -Ah ! Il était temps. Elle sourit à sa fille de 3 ans qui se tenait sagement près d'elle. -Ilhem, tu vas rester là. Maman va se faire coiffer, et après nous nous rendrons à la fête avec papa. Compris, ma petite ? La petite fille hoche la tête et reprend sagement son coloriage. Anissa se dirige alors vers le coin shampooing, puis une fois ses cheveux lavés, elle s'installe devant la grande glace, et sa coiffeuse commence, sans plus tarder, à démêler ses cheveux. Ilhem relève la tête de son cahier de coloriage. Elle jette un regard autour d'elle, et voyant que sa mère était occupée, elle glisse de sa chaise et se dirige vers la grande porte vitrée du salon. Elle soulève le rideau et contemple, un moment, le trottoir d'en face, où quelques petites filles jouaient à la corde. Elle sourit et ouvre la porte pour les rejoindre. En s'approchant, elle remarque qu'elles portaient toutes des blouses et avaient des rubans dans les cheveux. Elle se délecte de leur jeu. À tour de rôle, les fillettes sautaient et riaient. Ilhem allait leur demander de la laisser jouer avec elles, lorsqu'un son de cloche retentit pour les empresser de ramasser leur corde, avant de courir vers un quartier mitoyen et d'entrer dans une haute bâtisse. Ilhem qui les avait suivies s'arrêtera net lorsqu'un vieil homme refermera le portail devant elle. Déçue, la petite fille se met à pleurer. Au bout d'un temps, elle se rappelle que sa maman se trouvait dans le salon d'en face et voulut la rejoindre. Mais s'étant éloignée des lieux, elle perdit ses repères. Regardant autour d'elle, elle se rappelle qu'elle avait traversé la rue et refait le même itinéraire. Mais ayant changé de quartier sans s'en rendre compte, elle se retrouva dans une impasse. Prenant peur, elle se met à courir à travers les ruelles qui menaient au bout du chemin qu'elle venait d'emprunter et aboutira sur un arrêt de bus. La gamine regarde encore autour d'elle, et ne retrouvant aucun repère elle décide de monter dans un bus pour rejoindre sa mère. Ce véhicule va sûrement s'arrêter devant le salon de coiffure, se dit-elle. De ce fait, elle tente de se frayer un passage à travers la foule pressée qui se bousculait. Ouf ! Elle parvient enfin à monter, et pour ne pas tomber, elle s'accroche à la jupe d'une passagère. Cette dernière baisse les yeux vers elle et ébauche un sourire. -Qui es-tu, toi ? -Ilhem, répondit-elle d'une petite voix. -Où vas-tu donc, Ilhem ? Ta maman n'est pas avec toi ? -Maman est là bas. Elle tendit son index pour montrer quelque chose par la fenêtre. La dame suit des yeux son doigt, mais ne comprenant pas grand-chose, elle redemande : -Où est ta maman, Ilhem ? Tu es trop jeune pour prendre le bus toute seule, ma fille. (À SUIVRE) Y. H.