Résumé : Le cœur gros Samir rentre chez lui... Mordjana lui apprend qu'elle avait presque finalisé les formalités d'adoption du petit Amir. Heureuse, elle lui demande de l'accompagner pour rencontrer leur futur enfant... Le jeune homme repense à Ilhem et à son propre enfant qui allait bientôt naître...Cependant, il prend la décision d'accompagner sa femme à l'orphelinat le lendemain. Samir soupire : -D'accord, je vais prendre la journée pour t'accompagner. Cela te va ? Heureuse, elle se serre contre lui : -Bravo ! Enfin tu mets la main à la pâte... Je craignais tant que tu ne reviennes sur ta décision, et rejette cette adoption. Il secoue sa tête -Tu n'y penses pas Mordjana... Je ne suis pas un sans-cœur tout de même. -Mais je te connais mon chéri... Seulement comme ces derniers jours, nous n'avons abordé ce sujet que rarement, j'ai vite conclu que tu regrettais cette décision. -Non... Je ne reviens jamais sur mes décisions... Tu le sais bien. -Alors tu es content ? -Mais bien sûr ma chérie. Qui ne serait pas content d'avoir un petit chérubin dans sa maison ? Mordjana souriait de toutes ses dents : -Tu vas voir... Tu seras vite séduit... Amir est très sociable... -Je n'en doute pas... Tu as toujours eu un bon goût. Elle se met à rire : -Tu ne peux pas imaginer mon bonheur Samir... Je vais enfin avoir un enfant à moi... - À toi ? Et moi donc ? -À nous deux bien sûr... mais il sera plus à moi qu'à toi. Samir étouffe un bâillement : -Tu as déjà tiré ton épingle du jeu... -Bien sûr. Une maman est bien plus proche de son petit que le papa... Hein... Tu dors Samir ? -Presque... murmure-t-il en tirant la couverture sur lui. -J'ai pris quelques photos du petit Amir sur mon portable, tu ne veux pas les voir ? Un ronflement lui répondit. Elle se penche sur son mari et constate qu'il dormait déjà à poings fermés. Elle se relève alors et éteint la lumière, avant de s'allonger auprès de lui, pour sombrer de son côté dans un sommeil profond. Loin de s'offusquer, Ilhem se préparait à partir au boulot. Elle avait opté pour une tenue de ville qui lui allait à ravir. Une robe large à la taille, et une petite veste légère. Elle jette un coup d'œil à son profil dans le miroir de sa chambre et sourit : -Dans quelques semaines, ma taille va devenir comme celle d'une barrique. Je devrais penser d'ores et déjà à m'acheter quelques tenues de grossesse... Elle passe une main sur son ventre : -Trois mois déjà qu'il est là, trois mois... Elle virevolte et se dresse encore devant son miroir pour s'assurer que son état ne se voyait pas encore. -Je vais devoir affronter la famille... Mes parents, ne sauteront sûrement pas de joie en apprenant que je suis enceinte, mais ils connaissent Samir, et je n'aurais qu'à leur dire, que tout compte fait, nous avons préféré un mariage religieux sans tambour ni fanfare... Ils en connaissent déjà un bout sur l'animosité de Hasna à mon égard. Je n'aurais donc pas beaucoup de mal à leur faire admettre mes propos. Elle soupire : -Ah ! comme tout aurait pu être simple s'il n'y avait pas Mordjana ! Elle hausse les épaules : -Tant pis... On ne peut pas tout avoir dans la vie... J'ai tout de même pu vivre le grand amour avec Samir, et maintenant je porte son enfant. Elle repense à son air dépité lorsqu'elle lui avait annoncé qu'elle ne voulait pas l'épouser. Il lui avait semblé si vulnérable et si désemparé, qu'elle avait cru qu'il allait se mettre à genoux devant elle, pour la supplier de l'épouser. -Désormais, je serais une femme avisée... Je ne permettrais plus jamais à un homme de s'immiscer dans ma vie, ou de me faire souffrir... Je serais bientôt une maman comblée, et plus rien ne pourra plus compter pour moi que mon bébé... Elle ajuste sa veste avant de tirer la langue à son reflet dans le miroir et de quitter les lieux. La journée était printanière. Samir conduisait d'une main experte sur l'autoroute. La circulation devenait de plus en plus dense, et il était certain que la plupart des conducteurs, tout comme lui, commençaient à ressentir ce stress coutumier sur le trajet de leur boulot. Il regarde Mordjana assise à côté de lui aussi sage qu'une momie. Elle portait un tailleur bleu et avait coiffé ses cheveux en chignon sur sa nuque. Il ébauche un sourire. Sa femme embellissait de plus en plus. Depuis que sa tache de vin avait disparu, elle n'avait cessé de se métamorphoser. Ses tenues, son maquillage, ses coiffures, son allure... tout en elle dénotait d'un changement positif dans sa façon de vivre. Maintenant, elle pouvait aussi tenir facilement une conversation et aborder tous les sujets, sans complexe. Elle lisait beaucoup, regardait des films, commentait des documentaires et échangeait des idées avec leurs amis et leur entourage. Elle ne craignait plus de blesser par son ignorance et son savoir-vivre lui donnait de plus en plus cet air de femme du grand monde. -On devrait prendre un raccourci... Y. H. (À suivre)