Ahmed Ouyahia a suggéré une certaine proximité qu'il entretiendrait avec la fameuse "source autorisée" citée par l'agence de presse officielle, et qui serait, d'ailleurs, intervenue pour le mettre à l'abri de la polémique. Très attendu, le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, a profité de la conférence de presse organisée hier au siège de son parti, à Ben Aknoun, à Alger, pour tenter de retourner bien des situations à son avantage. À commencer par l'instruction signée par le secrétaire général de la présidence de la République, Haba El-Okbi, adressée jeudi 11 janvier au gouvernement, subordonnant tout accord d'ouverture de capital ou de cession d'actifs des entreprises publiques au privé, à l'accord préalable d'Abdelaziz Bouteflika. Et c'est plutôt de manière sèche qu'Ahmed Ouyahia a tranché cette question qui fait polémique : "Bouteflika ne m'a pas rappelé à l'ordre." Le SG du RND, et néanmoins Premier ministre soutient, en effet, que "le Président n'a pas besoin de me rappeler à l'ordre, de la même manière qu'il m'a nommé, il peut me démettre de mes fonctions". Mieux encore, pour étayer son propos, Ahmed Ouyahia a suggéré une certaine proximité qu'il entretiendrait avec la fameuse "source autorisée" citée par l'agence de presse officielle, et qui serait, d'ailleurs, intervenue pour le mettre à l'abri de la polémique. En effet, lundi dernier, alors que l'instruction présidentielle était encore sujette à de folles rumeurs, notamment un désaveu et possible limogeage d'Ahmed Ouyahia, une dépêche APS venait ajouter de l'ambiguïté au climat de psychose qui régnait déjà. "La décision (du Président, ndlr) est un acte politique visant, selon une source autorisée, à apporter un surcroît de transparence, d'équité et d'efficience de ce partenariat public-privé, souvent sujet à des suspicions et d'interprétations abusives l'assimilant à un bradage du patrimoine public (...)", était-il mentionné dans la dépêche en question. Selon Ahmed Ouyahia, cette "source autorisée" entendait plutôt révéler le sens véritable de l'instruction présidentielle, avec pour objectif principal de"calmer les esprits". Il précise, à cet effet, que "le président de la République, dans sa sagesse, a émis une instruction pour signifier que tout se fait avec son accord, et, Dieu merci, cela a participé à apaiser la situation, et aujourd'hui nous sommes tranquilles". Ahmed Ouyahia, qui se plaçait de la sorte hors zone de turbulences, a campé sur ses positions concernant l'ouverture du capital des entreprises publiques au privé. Il a même soutenu qu'il ne voyait pas pourquoi ne pas céder au privé les entreprises publiques déficitaires qui ont déjà mis la clé sous le paillasson. Et maintenant, c'est lui qui le dit : "L'instruction du Président ne remet pas en cause le PPP." "Chakib Khelil est un ingrat" Ahmed Ouyahia, qui avait saisi l'occasion de la tenue du conseil national du parti, jeudi et vendredi à Zéralda, à Alger, pour solder ses comptes avec le Front de libération nationale (FLN), a vite fait de fermer la parenthèse. Hier, et face aux sollicitations de la presse, il a définitivement clos le sujet. "Je le reconfirme et, dorénavant, vous n'entendrez que cela : nous n'engagerons plus aucune prise de bec avec le FLN. Des instructions très claires ont été données dans ce sens à mes collègues du bureau national, à commencer par le porte-parole du parti. Le FLN est un partenaire stratégique." Le SG du RND a même nié l'existence de clans au pouvoir, du moins, a-t-il nuancé, "dans l'Etat en tant que structure". Cependant, si le chef du Rassemblement s'est montré conciliant avec son homologue du FLN, Djamel Ould Abbes, il n'a pas fait preuve de délicatesse à l'égard de l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil. C'est même avec beaucoup de mépris qu'il a tenu à lui rendre la politesse. "Dans mon pays vivent quarante millions de citoyens. Ma position dans le parti, ainsi que ma fonction au sein de l'Etat ne me permettent pas de polémiquer avec chaque citoyen. Le citoyen Chakib Khelil a parlé, et il est responsable de ses propos. Il ne m'intéresse pas. Vous pouvez tous témoigner sur le fait que personne en Algérie n'a pris sa défense comme je l'ai fait moi. Et si jamais, il y a lieu de lui répondre, je lui dirai plutôt : va-t-en, ingrat !", a-t-il lâché, faisant référence à une chanson du patrimoine "chaâbi" algérois, Sir ya naker lahcène du défunt Hadj M'rizek. Enfin, Ahmed Ouyahia s'est montré catégorique, peut-être même de manière plus prononcée cette fois-ci, sur les ambitions présidentielles que certains lui prêtent. "Il est définitivement établi que je ne me présenterai jamais contre le Président. Et si Bouteflika décide de se présenter pour un cinquième mandat, je serai à ses côtés." Mehdi Mehenni