L'absence de Ouyahia à la conférence sur la transition énergétique a suscité beaucoup de commentaires... En cette période où tous les regards restent rivés sur le yo-yo du prix du pétrole, il est primordial d'évoquer les solutions et non pas de perdre de l'énergie et du temps précieux pour divaguer sur un éventuel «dégommage» du Premier ministre. La mise au point faite hier par Ahmed Ouyahia et son langage franc vont peut-être permettre un retour vers le débat sérieux et constructif, proche des préoccupations citoyennes. Tout va pour le mieux! Il n'y a pas lieu de s'inquiéter ni de s'alarmer. Il n' y a pas de crise politique, ni de lutte de clans. Ahmed Ouyahia, qui «n'a pas été rappelé à l'ordre» par le président Abdelaziz Bouteflika est toujours Premier ministre tant que le chef de l'Etat n'a pas décidé de le démettre. Ces vérités avancées hier par le secrétaire général du RND et le non moins Premier ministre, Ahmed Ouyahia, s'apparentent à une aiguille utilisée pour dégonfler un furoncle douloureux et gênant. Et c'est exactement ce qu'a fait hier Ahmed Ouyahia dont la sortie médiatique était des plus attendues après les moult rumeurs et commentaires qui ont suivi l'instruction du chef de l'Etat portant sur la Charte de partenariat sociétaire public-privé. De façon claire et sans ambiguïté aucune, Ouyahia affirme: «Il n' y a pas de lutte de clans au sein du pouvoir.» Le secrétaire général du RND tient à préciser encore. «Il n'y a pas de lutte et il n'y en aura pas car l'appareil de l'Exécutif a un chef.» Et pour mettre fin aux spéculations ayant cultivé l'amalgame, Ouyahia rappelle que «le président n'a pas besoin de me rappeler à l'ordre. Il m'a nommé et peut me démettre». Ouyahia coupe l'herbe sous le pied à ceux qui ont évoqué un problème entre le Premier ministre et le chef de l'Etat en raison de la prochaine élection présidentielle. «Je ne serai jamais candidat contre le président Abdelaziz Bouteflika.» Les réponses de Ahmed Ouyahia ont le mérite d'être claires et sur tous les points. Hier et lors de l'animation de sa conférence de presse à l'issue de la tenue du conseil national de son parti, Ahmed Ouyahia qui s'est mis face à la presse, était décidé à répondre à toutes les questions afin de lever toutes les zones d'ombre. Cette franchise dans la parole, même s'il recourt à la langue politique, permet à Ouyahia de balayer d'un revers de la main toutes les polémiques et les critiques dont il a fait l'objet depuis sa nomination. C'est avec un «casier» vierge que Ahmed Ouyahia vise à poursuivre son bonhomme de chemin comme Premier ministre. Et pour preuve, il refusera d'ailleurs de répondre aux dernières «attaques» du FLN ou celle de l'ex-ministre de l'Energie, Chakib Khelil. Se voulant sage et lucide, le patron du RND qui a opté pour l'apaisement, a non seulement décidé de tourner le dos aux polémiques stériles mais a aussi donné instruction aux cadres du parti, dont son porte-parole, de ne plus attaquer ou contre-attaquer le FLN. «C'est le pays qui nous intéresse», a dit Ahmed Ouyahia. Et heureusement d'ailleurs! Ahmed Ouyahia, en sa qualité de secrétaire général du RND, mais aussi et surtout en sa qualité de Premier ministre, doit concentrer toute son énergie sur «les choses sérieuses». Il doit s'atteler à mettre en oeuvre le programme du président de la République. Il doit donc se référer à chaque fois à Abdelaziz Bouteflika et c'est dans la logique des choses qu'un Premier ministre obtempère aux instructions de son président de la République. C'est plutôt le contraire qui pourrait choquer. Ahmed Ouyahia doit gérer la crise économique par laquelle passe le pays actuellement. Il doit veiller au développement de l'industrie, à la mise en oeuvre du partenariat public-privé et au maintien du niveau de vie du citoyen afin d'assurer la stabilité sociale. Et cette tâche du chef de l'Exécutif doit être soutenue par les partis politiques, la société civile, les partenaires économiques et les citoyens. En cette période où l'Algérie compte ses sous et où tous les regards restent rivés sur le yo-yo du prix du pétrole, il est primordial d'évoquer les solutions pour assurer un développement durable et non pas de perdre de l'énergie et du temps précieux pour divaguer sur un éventuel «dégommage» du Premier ministre. La mise au point faite hier par Ahmed Ouyahia et son langage franc vont peut-être permettre un retour vers le débat sérieux et constructif, proche des préoccupations citoyennes. Que ce soit les partis alliés ou ceux de l'opposition, tous devraient axer leur intérêt premier à la remise sur les rails de la machine Algérie.