Ainsi donc, le bureau fédéral de la FAF a voté à l'unanimité le retrait de délégation de la gestion des compétitions à la LFP, ce qui implique le départ immédiat du président de la LFP, Mahfoud Kerbadj, et de son conseil d'administration. Il a été du reste remplacé hier par un directoire qui gérera les affaires courantes de la Ligue, en attendant l'organisation dans les prochains mois de nouvelles élections pour élire – coopter serait le mot juste – un nouveau président de Ligue. Cependant, le départ de Kerbadj n'a pas été facile à arracher par Zetchi. Selon une source digne de foi, à la veille de la réunion du bureau fédéral, soit samedi, deux membres influents du BF étaient contre cette solution extrême, ils ont plutôt plaidé pour la poursuite de la cohabitation au moins jusqu'à la fin de saison pour ne pas mettre en danger les compétitions nationales et africaines de nos clubs engagés. Ils (leurs parrains politiques surtout) ne voulaient surtout pas créer une crise structurelle en pleine saison. Il s'agit, en fait, des deux vice-présidents de la FAF, Rebouh Haddad et Bachir Ould Zmirli. À ce moment-là, Zetchi avait déjà réussi à rallier à sa cause la majorité des membres du BF, notamment les Bahloul, Ghouti, Koussa et autres Gasmi et Oumamar. Arithmétiquement, un vote au sein du bureau fédéral, dans des conditions pareilles, était déjà favorable à Zetchi, mais le président de la FAF voulait avoir l'unanimité. Pas de grain de sable dans la machine. Devant donc l'hésitation de ces deux membres influents, Zetchi a eu recours à une arme dissuasive. Il a menacé de démissionner de la FAF. Selon notre source, Zetchi avait la lettre de démission écrite dans sa poche. "C'est ou vous le choisissez lui, ou vous me choisissez moi, je ne peux plus continuer à travailler avec lui", lance-t-il à la face de ses interlocuteurs. Dans la foulée, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Ould Ali El-Hadi, est informé des développements de la situation et des menaces de Zetchi. Le MJS finit par donner son feu vert pour la destitution de Kerbadj. Zetchi finit par gagner la bataille, dix mois après sa cooptation par le MJS à la tête de la FAF. Du coup, une question s'impose : qu'est-ce qui a poussé Ould Ali à entériner le processus de destitution, après avoir défendu Kerbadj au mois de juin dernier et l'avoir imposé même à Zetchi ? Selon notre source, "Kerbadj a fait une erreur en refusant de qualifier 35 joueurs laissés en rade par la décision d'interdiction de recrutement de la FAF, note notre interlocuteur. Désormais, le MJS et la FAF sont en quête d'un homme du consensus pour lui donner les clés de la LFP. "Les deux parties ont des pistes, mais un président de club semble faire l'unanimité. Il a déjà été approché par le MJS et la FAF pour lui proposer l'idée. Il leur a répondu qu'il préfère d'abord voir si les présidents de club vont le soutenir avant de donner sa réponse", conclut notre source. Il faut rappeler qu'en février 2016, l'ex-président du PAC, Kheireddine Zetchi, avait été suspendu par Kerbadj pour 6 mois, dont 3 avec sursis, et ce, pour l'avoir critiqué. Zetchi le critiquait pour s'être opposé à la domiciliation de son équipe au stade du 20-Août, et ce, malgré l'aval de l'APC. SAMIR LAMARI