Les velléités assumées du nouveau président de la FAF, Kheireddine Zetchi, de se débarrasser du patron de la LFP, Mahfoud Kerbadj, pour des raisons évidentes, en le poussant d'abord à la démission, ont visiblement échoué. Son aîné de plusieurs années et vieux artisan des jeux de coulisses lui a réservé une drôle de surprise hier à l'occasion de l'assemblée générale extraordinaire de la Ligue, à laquelle il a lui-même appelé pour officialiser sa sournoise démission. Après avoir donné la "nette impression" de vouloir tirer sa révérence, allant jusqu'à déclarer qu'il quittait ce "milieu pourri et ingrat", Kerbadj a transformé ses adieux en un véritable plébiscite, grâce à une base formée de présidents de club, qui lui est restée fidèle pour des intérêts strictement clubards. Cette même base qui avait d'ailleurs, faut-il le rappeler, voté, à la grande majorité, contre l'élection de Zetchi, le 20 mars dernier mais qui n'a pas pu empêcher son intronisation devant les immixtions flagrantes du ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali, décidé à faire élire le candidat du pouvoir. 33 sur les 40 membres de l'AG — soit plus de 80% de la composante de l'assemblée générale — ont, en effet, refusé la démission de Kerbadj. À l'origine de ce plébiscite, une motion lancée par Omar Ghrib et Hannachi, et "soutenue" par le ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali himself. D'ailleurs, comme pour enfoncer le clou, Mahfoud Kerbadj n'a pas hésité à révéler que "le ministre a souhaité que je reste", alors qu'il n'y a pas si longtemps, Ould Ali avait exhorté Hacen Hamar à se présenter aux élections de la LFP. "Face à l'insistance des membres de l'assemblée générale qui ont, à l'unanimité, refusé mon départ, et vu la sollicitation du ministre de la Jeunesse et des Sports qui m'a demandé à son tour de rester, j'ai décidé d'aller au bout de mon mandat", assène Kerbadj telle une banderille à l'adresse de Zetchi. Pourquoi donc un tel revirement de situation ? En fait, depuis quelques semaines déjà, les relations entre Zetchi et certains membres du bureau fédéral (Rebouh Haddad et Ould Zmirli entre autres) de la FAF, certains présidents de club qui n'ont pas hésité à le descendre en flammes dans la presse (Ghrib, Medouar, Tebou) et le ministre de la Jeunesse et des Sports, se sont grandement détériorées. Le MJS s'est finalement rendu compte qu'il avait misé sur le mauvais cheval, notamment après la nomination du nouveau sélectionneur, qu'Ould Ali ne trouve pas du tout à la hauteur de la sélection algérienne. Il n'a pas manqué, du reste, de le souligner dans la presse au lendemain de la nomination de Lucas Alcaraz. Le MJS reproche également à Zetchi son inertie et son incapacité à opérer rapidement les changements voulus à la FAF (voir notre édition de mardi). Du coup, le MJS a activé ses relais pour déstabiliser Zetchi. Un retrait de confiance serait même à l'ordre du jour au sein du bureau fédéral pour destituer Zetchi, après seulement deux mois à la tête de la fédération. Qui l'eût cru ? Pour le moment, Zetchi fait de la résistance. Il espère un départ de l'actuel patron du MJS à l'occasion du prochain remaniement ministériel afin de reprendre la main et tenter de "dompter" les présidents de club. Attendons pour voir ! SAMIR LAMARI