Le siège de l'APC de Taourirt Ighil est fermé par la population depuis la proclamation des résultats officiels des élections locales du 23 novembre 2017. C'est un fait inédit dans la fermeture des sièges des APC dans la wilaya de Béjaïa. La raison est que la population de la région réclame mordicus la suspension du nouveau P/APC, succédant à lui-même sous la casquette du FLN, pour fraude électorale et ses antécédents judiciaires. Pour mieux comprendre la genèse de la crise, il faut remonter au précédent mandat exercé par ce même P/APC au titre d'indépendant. Près de trois années après, ce dernier est rattrapé pour sa gestion "douteuse" par la justice. En effet, cette dernière l'a condamné par le tribunal de Kherrata à trois années de prison ferme assortie de 300 000 DA d'amende, le 23 octobre 2017, pour "utilisation des deniers publics à des fins personnelles et autrui". Son affaire se rapporte notamment à des matériaux de construction et des ouvertures de pistes agricoles. Pour échapper à la prison, nous dit-on dans les milieux initiés, ce P/APC sortant a décidé de se représenter sous la bannière du FLN. Sauf qu'après sa réélection, la population de quatre villages principaux de la région (Tizi El-Korn, Aït Idir, Aït Maamar et Iksilen) conteste la proclamation des résultats officiels pour cause de fraude électorale "caractérisée" face à la liste des indépendants Tadukli. Ainsi, le siège de l'APC a été cadenassé par la population. Selon une déclaration des élus indépendants, le nouveau P/APC qui a succédé à lui-même a "manipulé le fichier électoral avec la bénédiction du secrétaire général". Pour preuves, ils avancent, entre autres, les inscriptions doubles sur le fichier électoral, des radiations à l'insu des inscrits, ceux étrangers à la commune et un nombre de procurations dans deux bureaux de vote des villages Aguemoun et de Cheurfa, acquis à la cause du P/APC sortant. La population de la région demande alors une commission d'enquête en "séquestrant les PV des élections au siège de l'APC". L'administration doit diligenter une commission d'enquête mais elle s'abstient, regrette-t-on dans la région. Plus grave encore, la population accuse le chef de daïra d'avoir installé en catimini le nouveau P/APC sans la présence des élus de la liste indépendante. Devant cette crise inédite dans le blocage des APC, la population de la région impute "la responsabilité de tout dérapage regrettable au wali". D'ailleurs, comment le wali a-t-il retiré la plainte déposée par son prédécesseur contre le P/APC ? C'est la question que se pose la population de toute la région. "Heureusement que la justice n'a pas tenu compte de ce retrait de plainte par l'actuel wali en condamnant le P/APC sortant", estime-t-on dans la région, tout en comptant que "la lumière sera faite sur cette crise inédite avant l'irréparable". L. OUBIRA