Près de deux mois après les élections locales du 23 novembre 2017 et l'installation des présidents d'APC, au moins une douzaine de communes dans la wilaya de Béjaïa demeurent sans exécutif. Les citoyens des localités concernées sont ainsi dans l'expectative. Ils se sont heurtés à une réalité répondant à l'intérêt des formations politiques ou des personnes, où le jeu des alliances n'est pas souvent conclu dans de bonnes conditions et où le partage des postes attise les convoitises. Les élus que nous avons interrogés renvoient tous les raisons du blocage au «comportement» des présidents d'APC. N'ayant pas bénéficié d'une majorité confortable, ces derniers sont accusés de procéder, pour reprendre les propos d'un élu, «à l'achat des voix des élus de l'Assemblée pour former un exécutif taillé à la mesure de l'édile communal, en engageant des tractations sournoises pour asseoir son pouvoir sur l'assemblée et diriger à sa guise». Dans la commune de Oued Ghir, au sud de Béjaïa, 9 élus contre 6 bloquent l'installation du nouvel exécutif. Pour cause, ils considèrent que «le P/APC n'a pas engagé une large consultation avant de former l'exécutif. Il a procédé par cooptation de quelques élus pour obtenir la majorité». Elu sur une liste MPA, avec une majorité relative de 5 sièges sur 15, le P/APC a annoncé, à la surprise générale, son ralliement au FLN, dans l'espoir de compter avec les trois élus FLN une majorité absolue de 8 sièges. Mais, selon Khaled Bestani, un des trois élus FLN, un seul élu de ce parti «a accepté le deal». «Toutefois, nous, militants du FLN, nous refusons cette transhumance politique que veut opérer le P/APC du MPA pour ses desseins». Regrettant cette situation de blocage, l'élu souhaite en sortir très vite parce que, dit-il, «les citoyens qui nous ont élus attendent que nous lançions la machine du développement, et cela ne peut se faire sans un exécutif où règnent la compétence, un programme commun et la transparence». Pour l'élu du RCD, Taherbilt Hakim, «le P/APC devait passer par un préalable lors de la première assemblée, celui d'installer les commissions, l'enrichissement du règlement intérieur et nous concerter sur le choix des membres de l'exécutif et de l'ordre du jour. Contrairement à cela, le maire a choisi son exécutif et nous a invités à adopter le budget et le plan d'action». L'élu du RCD indique que le P/APC a prévu une réunion dans le but de débloquer la situation, mais, avertit-il, «si ce dernier continue à ignorer les autres élus, la population aura son mot à dire à travers des manifestations de rue». Absence de concertation L'assemblée communale de Tichy est également bloquée. Dans cette commune, les élus du FLN et du RCD, qui totalisent 8 sièges sur les 15 disponibles, reprochent au P/APC issu du FFS le non-respect du code communal concernant les délais de convocation de la réunion d'installation de l'exécutif et l'absence de concertation autour de l'attribution des postes d'adjoints. A l'extrême est de la wilaya, la commune de Darguina n'est pas en reste. «La situation demeure inchangée depuis l'installation du maire FFS qui a obtenu une majorité relative de 6 sièges sur les 15», nous a déclaré Bektache Madjid, élu RPR. Pour rappel, dans cette commune, le RPR a obtenu 6 sièges, Talai'e El-Houriate 2 sièges et le RND 1 seul siège, tous sont entrés en opposition au maire FFS. «Au lendemain des élections, nous avons montré notre disponibilité et nous nous sommes engagés, dans une déclaration, à œuvrer pour l'intérêt général. Malheureusement, le maire, au lieu d'impliquer l'ensemble des élus pour la formation de l'exécutif, a opté plutôt pour débaucher des élus en sa faveur, c'est pour cela que nous avons rejeté sa liste des membres de l'exécutif communal». Dans la commune d'Aït Smaïl, toujours sur la côte est de la wilaya, on estime que le maire FFS, qui a obtenu 6 sièges, a fait «un forcing pour installer son exécutif, qui a été validé par les services de la daïra». A Souk El Tenine et Aokas, les mêmes divergences que celles de Darguina et Oued-Ghir empêchent le fonctionnement correct des deux APC. Les opposants revendiquent «la transparence et leur prise en considération dans l'installation des exécutifs». A Taourit-Ighil, dans la daïra d'Adekar, les choses ne s'arrangent pas encore. C'est un véritable bras de fer qui est engagé par les élus de la liste indépendante «Tadukli» avec le maire FLN, qui a pourtant obtenu une majorité confortable. Ces derniers déclarent «le rejet total des résultats du scrutin du 23 novembre en faveur de la liste FLN pour avoir constaté des cas de fraude». L'installation de l'assemblée, qui a eu lieu 17 jours après l'annonce des résultats, est contestée par les opposants, qui ont dénoncé le fait qu'ils n'aient pas été «invités à la cérémonie d'installation et en appellent à l'intervention du wali».