Cette tendance qui se résume à des glissements successifs de la valeur du dinar par rapport à la monnaie européenne risque d'avoir des effets négatifs sur le pouvoir d'achat des ménages en 2018. La chute de la valeur du dinar se poursuit toujours face à celle de l'euro, avec une succession de records. Les cotations hebdomadaires des billets de banque et des chèques de voyage, valables du 28 janvier au 3 février 2018, communiquées par la Banque d'Algérie, font ressortir que la valeur de l'euro est de 147,79 DA à la vente. Il y a une année (du 29 janvier au 4 février 2017), la valeur de l'euro était de 122,51 DA à la vente. On mesure donc toute l'étendue de l'écart qui s'est creusé en une année. Concernant les cotations officielles de la Banque d'Algérie valables pour les opérations commerciales avec les pays étrangers, l'euro se chiffrait hier à 140,81 DA, en recul par rapport à son record de vendredi dernier à 141,41 DA. Depuis le début de l'année 2017, le dinar n'a pas arrêté de se déprécier par rapport à la monnaie unique européenne enchaînant record sur record. Après avoir débuté l'année 2017 avec une cotation à 116,12 DA, l'euro a continué à progresser par rapport au dinar pour atteindre 121,55 DA le 20 mai 2017, 128,90 DA le 7 août, 134,71 DA le 21 octobre et 136,77 DA le 21 décembre. Entre le 1er janvier 2017 et le 29 janvier 2018, l'euro a progressé de 24,69 DA, soit plus de 20%. Mais cela semble être insuffisant. "Le dinar est probablement surcoté sur la place officielle et son véritable niveau est probablement plus proche de celui du marché parallèle", a affirmé, dimanche, le ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi, pour qui, "il faudrait que l'institution d'émission qui gère la parité du dinar, travaille davantage à ce que les deux taux se rapprochent". Selon lui, le décalage entre le taux de change officiel et le taux de change parallèle fait que l'Etat "subventionne indirectement les importations". Les déclarations du ministre du Commerce rejoignent ainsi celles du FMI qui estimait que le dinar était surévalué d'au moins 20%. Un avis partagé, également, par de nombreux économistes. Ce retour à la dépréciation semble dicté par la persistance des déséquilibres de la balance des paiements et des finances publiques, longtemps malmenées par la baisse des prix des hydrocarbures. En dépréciant le dinar, les autorités espèrent réduire mécaniquement le déficit budgétaire. Elles pensent aussi, peut-être, pouvoir réduire les importations. Sur le marché parallèle, l'euro reste toujours élevé, mais sans changement notable de sa valeur. La monnaie unique européenne est échangée autour des 205 DA. L'écart entre les taux du marché officiel et ceux du marché parallèle reste très important. Cette situation constitue un indice de la mauvaise santé financière du pays, de l'insuffisante ouverture de son économie et du poids de l'informel dans la richesse du pays. Certes, les mesures restrictives de l'importation introduites par le gouvernement ont réduit la demande des importateurs sur le marché parallèle et ont stabilisé la valeur de l'euro dans les limites de 205 DA. Cependant, il flambe pendant les vacances et la période du tourisme religieux. Si la Banque d'Algérie décide de dévaluer le dinar afin de réduire encore l'écart avec la valeur actuelle sur le marché parallèle, nul doute que la monnaie européenne continuera à flamber sur le marché parallèle et dépassera largement son seuil actuel. Ce qui risque d'avoir des effets sensibles sur le pouvoir d'achat des ménages. Saïd Smati