La monnaie nationale ne cesse de subir des coups de boutoir depuis des mois. Entamée en juillet, la dégringolade du dinar algérien face à la monnaie unique européenne a subitement fait passer la valeur du dinar par rapport à l'euro de 98 à 102. Cette baisse s'est graduellement poursuivie pour atteindre, en ce mois de décembre, un record de dévaluation jamais atteint : un euro pour 113,20 DA. Déjà à la fin octobre dernier, le dinar était coté à 112,32 pour un euro. Cette baisse considérable de la parité du dinar par rapport aux devises fortes (10% en à peine 4 mois) s'est traduite fatalement par une hausse tout aussi conséquente des produits et services qui sont importés. Le pays important massivement toute une panoplie de produits de l'Union européenne, les Algériens se retrouvent donc à payer nettement plus cher aussi bien les articles de consommation que les matières premières destinées aux usines. Seuls échapperont à ces hausses les produits soutenus par l'Etat au prix d'un plus lourd sacrifice budgétaire. Entre juillet et octobre, le dinar algérien a perdu plus de 10% de sa valeur face à l'euro. En cinq ans, le dinar a perdu 35% de sa valeur par rapport à la monnaie unique. Jouant sur les mots, le ministre des Finances, Karim Djoudi, a reconnu que le dinar a subi "une dépréciation" et non "une dévaluation". "On parle de dévaluation lorsqu'il y a modification de la valeur de la parité, mais lorsqu'on a une évolution d'une monnaie sur un marché, il y a ce qu'on appelle une dépréciation. C'est le cas pour le dinar algérien", a-t-il expliqué en marge de la présentation du projet de loi de finances 2014 devant l'Assemblée populaire nationale. En réalité, en plus de jouer sur les mots, Karim Djoudi se hasarde à un optimisme injustifié quand il affirme que le dinar retrouvera sa valeur prochainement. Bien au contraire. D'ailleurs, des prix de produits de large consommation ont flambé : haricots blancs, lentilles, lait en poudre, yaourts, chocolat... Par ailleurs, le FMI trouve que le dinar est beaucoup trop cher actuellement. Et le gouvernement, pour réduire la consommation et donc les importations, n'a pas beaucoup d'imagination. Il pousse donc la Banque d'Algérie à réduire la valeur du dinar. Pour certains experts, cette dépréciation n'est qu'une dévaluation "non annoncée" du dinar. En outre, si l'écart entre le taux de change officiel et celui du marché parallèle est très important, certains experts pensent que la Banque d'Algérie a laissé glisser le dinar d'une manière volontaire afin de maîtriser l'inflation qui est tirée en haut par les nombreuses augmentations de salaires et les rappels y afférant. Gérer la facture des importations qui prend de l'ampleur est un autre objectif visé par cette politique de dérive contrôlée pratiquée par la Banque d'Algérie. Les opérateurs économiques seront dans ce cas les premiers à être touchés par ce genre de mesures. Ceux qui importent en euros verront leurs factures augmenter en flèche. Ils la feront répercuter sur le prix final du produit. Ce sont donc les ménages qui paieront l'addition. La dépréciation du dinar aura pour conséquence de réduire le pouvoir d'achat des Algériens déjà en constante érosion. S. S. Nom Adresse email