La monnaie nationale a perdu une importante partie de sa valeur par rapport à l'euro et au dollar américain depuis juin 2014. La Banque d'Algérie vient de communiquer les cotations du dinar par rapport à l'euro et au dollar valables à compter du 3 septembre. Le dollar s'échange sur le marché officiel à 109,47 DA à l'achat et à 116,16 DA à la vente. L'euro, lui, vaut 130,02 DA à l'achat et 137,98 DA à la vente. L'APS qui cite ces cotations, établit un comparatif de l'évolution de ces monnaies depuis un an, précisément depuis le 4 septembre 2016. "Il y a une année du 4 au 10 septembre, la valeur du dollar était fixée à 107,76 DA à l'achat et 114,34 DA à la vente, tandis que la valeur de l'euro était de 120,53 DA à l'achat et de 127,93 DA à la vente", rappelle l'APS. Sur une année, la dépréciation s'établit à près de 9% selon ces chiffres. Ce qu'il convient de souligner ici, c'est qu'on assiste à une série de dépréciations du dinar par rapport à ces deux monnaies opérées par la Banque d'Algérie. En effet, l'APS rappelle que durant la semaine du 27 août au 2 septembre, la valeur du dollar "était à 108,26 DA à l'achat et à 114,87 DA à la vente, alors que la valeur de l'euro était de 127,43 DA à l'achat et à 135,23 DA à la vente". Il y a un mois, ajoute l'agence, la semaine allant du 6 au 12 août, la valeur du dollar était fixée à 106,85 DA à l'achat et à 113,37 DA à la vente alors que la valeur de l'euro était à 126,83 DA à l'achat et 134,61 DA à la vente. Cette dépréciation continue du dinar n'est pas sans conséquence sur le pouvoir d'achat des citoyens. En effet, il faut savoir qu'entre fin juin 2014 et fin mai 2016 le dinar a baissé par rapport au dollar de plus de 20% et par rapport à l'euro de plus de 10%. Avec l'arrivée de Mohamed Loukal, le nouveau gouverneur de la Banque d'Algérie, la Banque centrale a changé de politique. Conséquence : on a assisté à une stabilisation du dinar durant le second semestre 2016. Pour une courte période. Avec la détérioration continue de la situation financière depuis janvier 2017, la banque des banques a fini par opérer de successifs glissements du dinar. Comme nos importations sont libellées principalement en euros et en dollars américains, la partie euros étant plus importante, cette chute de la valeur du dinar a des répercussions sur les prix à la consommation qui sont importés pour une bonne portion. En clair, les importateurs en raison de cette chute libre de la monnaie nationale doivent débourser plus de dinars pour une marchandise achetée en euro ou en dollar américain. Ils répercutent au final ce surcoût sur le consommateur. Sur le marché parallèle qui reflète pour des financiers, la vraie valeur du dinar, l'euro s'échange actuellement à 190 DA. L'écart entre les taux du marché officiel et ceux du marché parallèle reste très important. Cette situation constitue un indice de la mauvaise santé financière du pays, de l'insuffisante ouverture de son économie et du poids de l'informel dans la richesse du pays. D'ici à la fin de l'année, des spécialistes s'attendent à de nouveaux glissements du dinar par rapport au dollar et à l'euro, en raison de la détérioration de la situation économique du pays. Ce qui aura des répercussions sur les prix de produits de large consommation, d'autant que la Banque d'Algérie n'a pas encore mis en place le mécanisme de change à terme qui protège les importateurs et les producteurs dans leurs importations d'intrants contre les risques de change. Cette situation est considérée en définitive comme le prix à payer pour préserver l'économie nationale. Mais pour d'autres spécialistes, les solutions au manque de ressources financières dû à la crise sont ailleurs que dans une dévaluation du dinar : meilleure appréhension de l'assiette fiscale, taxations plus fortes des transactions immobilières ainsi que des produits de luxe ou superflus, amélioration du recouvrement des impôts et mesures pour fiscaliser l'informel. K. Remouche