L'ancien ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, serait-il rattrapé par ses mensonges ? Si l'on prend au mot le patron du concessionnaire automobile, Elsecom, M. Achaïbou, qui a, encore une fois, accusé l'ancien ministre de l'avoir mis sur le carreau après avoir bloqué ses projets parce qu'il n'a pas accepté de payer de pots-de-vin. Des affirmations qui confirment la tendance de l'ancien ministre "aux commissions", en attendant qu'il daigne réagir, ainsi que les rumeurs sur son rôle "néfaste" dans l'avancement des dossiers de Peugeot Algérie et de Volkswagen, qui ont nécessité des interventions en haut lieu à partir de Paris et de Berlin. En effet, à l'époque, des informations avaient fait état de l'intervention de la chancelière Merkel auprès du Premier ministre ainsi que de Matignon à travers son représentant pour la coopération avec l'Algérie pour que soit débloquée la situation. Même des partenaires algériens du projet Peugeot avaient évoqué, sous le couvert de l'anonymat, le blocage inexplicable de leur dossier alors que les diplomates français, sur un ton gêné, évoquaient des lenteurs dans les discussions. Le ministre était déjà accusé de centraliser la gestion du dossier de l'industrie automobile à son niveau. Reste maintenant à savoir si le mis en cause, qui n'est plus en fonction et sans couverture politique, va réagir et démentir ces accusations. Se contentera-t-il de réponses évasives dans lesquelles il accusera des "lobbies" de lui en avoir voulu et à sa volonté de réforme du secteur ? Comme il l'avait fait lorsque son nom a été cité dans le scandale des Panama Papers. Après s'être muré pendant plus de deux semaines, après que la presse eut donné les détails sur son compte offshore, le ministre de l'Industrie, nommé en 2014, a réagi en disant que c'était "faux" avant de se défendre, à travers une parade hasardeuse, en pointant du doigt "des ennemis" de l'Algérie. "Un complot" mené par des parties à l'intérieur et à l'extérieur, avait-il dit. Avant de se lancer dans des explications incohérentes. Il a d'abord justifié les fonds (700 000 euros au compte de la CEC créée en 2015) déposés dans son compte, par un héritage pour passer ensuite à une manœuvre de lobbies hostiles au respect de sa feuille de route au département de l'Industrie. Comme quoi, la feuille de route qu'il avait préparée pour réhabiliter l'industrie dérangeait certaines parties. Et sur le ton de quelqu'un d'acculé et d'exaspéré, il répondra à son interpellation à la commission économique de l'Assemblée nationale : "Le premier à qui j'expliquerai l'affaire, c'est le président Bouteflika et je préparerai un dossier lourd sur le sujet." Personne ne saura si le rapport a été fait ou remis. Même le RND, son parti, qui l'a défendu du bout des lèvres, s'en lavera finalement les mains en s'en séparant après son limogeage du gouvernement lors d'un remaniement. Et ce n'est qu'en 2017 que son nom reviendra sur le devant de la scène dans un échange d'accusations entre le porte-parole du RND, Chiheb Sedik, et l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, lorsque ce dernier a accusé, implicitement, les responsables du parti de favoriser leurs amis. Il citera nommément Abdeslam Bouchouareb. Les propos de M. Achaïbou viennent, en définitive, confirmer les soupçons qui pesaient depuis longtemps sur les pratiques de M. Bouchouareb dont le nom a été cité pour la première lors du scandale de Khalifa Bank. Djilali B.