Abdeslam Bouchouareb a soutenu, ce jeudi, devant la commission des affaires économiques, à l'APN, que "s'il venait à vendre ses biens en Algérie, cela lui rapporterait plus que les 700 000 euros" qu'on lui reproche d'avoir transféré du Luxembourg à Genève. Le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, est passé, ce jeudi, devant la commission des affaires économiques, du développement, de l'industrie, du commerce et de la planification à l'Assemblée populaire nationale (APN). À l'ordre du jour était la présentation du nouveau projet de loi sur la promotion des investissements, un texte prochainement soumis au vote. Cette séance de travail, tenue à huis clos, et déjà programmée dans l'agenda de l'APN, a été saisie par le député du Mouvement pour la société et pour la paix (MSP), Naâmane Laâouar, pour demander au ministre des éclaircissements sur son implication dans le scandale mondial d'évasion fiscale Panama Papers. Contacté par Liberté, Naâmane Laâouar a fait savoir qu'Abdeslam Bouchouareb a répondu "vaguement" et d'une manière "évasive". Selon lui, le ministre a soutenu que "les choses ne se présentent pas telles qu'elles ont été rapportées par les médias". Cependant, le ministre a évoqué "des manœuvres dirigées par des lobbies internes et externes contre sa personne", indique le député MSP. Abdeslam Bouchouareb a signifié, toujours selon la même source, que "ces lobbies ont des intérêts en Algérie" et qu'"ils sont mécontents de voir leurs affaires ne plus marcher comme avant depuis qu'il est à la tête du département de l'Industrie et des Mines". Jusque-là, le ministre n'avait pas encore expliqué le pourquoi de la création d'une société offshore, qui reste le moyen le plus approprié, et par excellence, pour échapper au fisc. "Il ne voulait pas rentrer dans les détails et nous l'avons alors interpellé sur l'histoire des 700 000 euros qu'il détiendrait dans un compte bancaire en Suisse. Il a répondu que s'il venait à vendre ses biens en Algérie, cela lui rapporterait plus que les 700 000 euros qu'on évoque dans la presse", témoigne Naâmane Laâouar. Pour rappel, les fichiers fuités du cabinet panaméen Mossack Fonseca, à l'origine de l'éclatement du scandale, ont révélé qu'"Abdeslam Bouchouareb a transféré 700 000 euros de la Banque internationale à Luxembourg (BIL) vers la filiale suisse de la National Bank of Abu Dhabi (NBAD) basée à Genève". En attendant de savoir la source de la provenance de cette coquette somme, le ministre n'a pas souhaité s'expliquer davantage sur cette affaire, affirme notre source. "Il nous a parlé d'un dossier détaillé qu'il prépare sur cette affaire et qu'il compte soumettre au président de la République. Il a ajouté que ce n'est qu'après qu'il s'expliquera publiquement", fait savoir Naâmane Laâouari. Enfin, et comme l'ordre du jour portait sur notamment l'encouragement de l'investissement étranger en Algérie, il a été porté à l'attention du ministre qu'"il serait inconséquent d'inviter des étrangers à investir en Algérie pendant que des nationaux sortent leur argent pour investir ailleurs que dans leur pays". Mehdi Mehenni