La lettre adressée au président de la République mentionne que quatre projets d'usines de montage de véhicules de marques KIA, Ford, Daewoo et Isuzu ont été bloqués. La redistribution des cartes dans le secteur de l'automobile ne semble pas s'être opérée selon les règles de transparence et d'équité, suivant la lettre ouverte adressée par Abderrahmane Achaïbou au président de la République et publiée dans la presse nationale. Dans ce texte, cet ancien concessionnaire accuse l'ex-ministre de l'Industrie, Abdesslam Bouchouareb, de pratiques discriminatoires et de mesures d'iniquité à l'égard du groupe Achaïbou pour le traitement de ses demandes de renouvellement de l'agrément de concessionnaires de véhicules neufs pour les marques KIA, Ford, Suzuki, Daewoo, Isuzu et d'investissements dans la production et le montage de véhicules. Plus précisément, "nos dossiers, lit-on dans la lettre, ont fait l'objet de mesures inéquitables de la part de l'ex-ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesslam Bouchouareb, qui n'a jamais daigné répondre à près d'une vingtaine de correspondances que nous lui avons adressées depuis le 14 avril 2016... Depuis deux ans, nous nous rendions régulièrement au ministère de l'Industrie et des Mines pour nous enquérir de l'état d'avancement de dossiers de demande d'agrément provisoire de concessionnaires de véhicules neufs déposé le 27 novembre 2014 concernant la société mixte algéro-japonaise créée pour la commercialisation et la production de camions Isuzu, de renouvellement d'agrément définitif de concessionnaires de véhicules neufs pour les marques déjà distribuées déposé le 26 janvier 2016, d'agrément pour nos 4 projets d'investissement dans le montage de véhicules de marque KIA, Daewoo, Isuzu et Ford." Résultat des courses, ces absences de réponse du ministère ont semé le doute, ajoute-t-il, chez les partenaires ou constructeurs, notamment sud-coréen et japonais en la capacité du groupe Achaïbou à obtenir ces agréments. "Cette mise en souffrance inexpliquée à nos dossiers ‘ignorés', voire ‘oubliés à dessein' et malgré toutes nos doléances, a porté atteinte à la parfaite relation liant le groupe Achaïbou à ses partenaires concédants qui ont fini par douter ‘de leurs chances' d'obtenir leurs agréments les contraignant, ainsi, pour maintenir leur présence sur le marché algérien, à accepter de concéder leur marque à d'autres partenaires locaux qui ont obtenu leur agrément définitif avec une étonnante facilité." En conséquence, cette situation a favorisé la redistribution des cartes dans le secteur automobile, au détriment du groupe Achaïbou à qui on a retiré, en d'autres termes, les marques précitées au profit d'autres concessionnaires, soutient Abderrahmane Achaïbou. "Ce blocage sélectif est à l'origine de la redistribution de toutes les marques commercialisées par les entreprises du groupe Achaïbou, chacune étant concédée à un autre concessionnaire qui bénéficiera de toute la promotion que nous avons réalisée pour la marque. À titre d'exemple, il est inconcevable que le constructeur KIA Motors Corée ait décidé de changer son partenaire KIA Motors Algérie avec lequel il entretient depuis plus de vingt ans une relation, une relation parfaite qui lui a permis de mettre en circulation plus de 180 000 véhicules de sa marque. Sachant que le constructeur KIA Motors Corée avait adressé le 25 octobre 2016 à l'ex-ministre une lettre de soutien de son concessionnaire historique. Cela n'a pas fait bouger les choses." "À cause des blocages, licenciement de 1 230 travailleurs" En effet, Abderrahmane Achaïbou joint à son texte adressé au président de la République une lettre du président Afrique du Nord, MoyenOrient et Afrique de KIA Motors Corée, c'est-à-dire d'un responsable région du constructeur sud-coréen. Cette lettre informe l'ex-ministre de l'Industrie du soutien du constructeur sud-coréen au groupe Achaïbou. Elle rappelle la demande de KIA Motors de construire une usine de montage de véhicules en partenariat avec le groupe Achaïbou. Une requête qui n'a pas reçu de réponse, indique le texte. La lettre invite l'ex-ministre de l'Industrie à une réponse urgente compte tenu du planning de réalisation du projet. "Le lancement du projet est prévu pour le 31 décembre 2016", lit-on dans le texte. Après avoir décrit dans le détail cette situation, le patron du groupe Abderrahmane Achaïbou accuse directement l'ex-ministre de l'Industrie, Abdesslam Bouchouareb d'être à l'origine de ces blocages. "Ainsi pendant que nous attendions une réponse à notre demande de renouvellement de l'agrément de concessionnaires de véhicules neufs pour les marques KIA, Ford, Suzuki, Daewoo et d'investissement dans la production de véhicules qui ne nous est jamais parvenue, Bouchouareb Abdesslam, l'ex-ministre de l'Industrie et des Mines, avait déjà organisé la faillite du groupe Achaïbou en le dépouillant de ses marques pour les donner à ses parents ou amis." Conséquence de ces pratiques considérées par Abderrahmane Achaïbou comme discriminatoires, le groupe Achaibou "a dû réduire les effectifs de 1 230 travailleurs sur les 1 700 qu'il comptait en 2014 pour assurer la survie de ses entreprises, soit 72% du personnel qui a été licencié". In fine, Abderrahmane Achaïbou demande l'intervention du président de la République pour "lever ces pratiques discriminatoires prises sans aucun justificatif" à l'égard du groupe Achaïbou et de rétablir cette entreprise dans ses droits légitimes afin qu'elle puisse participer à l'essor du secteur automobile. En somme, la redistribution de cartes dans le secteur automobile a profité, en fait, à d'autres concessionnaires moins anciens dans le créneau. La liste 5+5 arrêtée par le Premier ministre puis annulée s'avère, en partie, un héritage de l'ère Bouchouareb. On peut se demander pourquoi les critères d'expérience dans le métier, les règles de transparence n'ont pas présidé dans ces choix d'opérateurs éligibles au montage de véhicules en Algérie. Quant aux accusations, elles sont trop graves. Elles invitent à l'ouverture d'une enquête sur tous ces blocages si on veut ériger une puissante industrie automobile sur des bases solides et non à partir de critères subjectifs. K. Remouche