Dans certaines régions du pays, l'administration préfère, selon toute vraisemblance, donner une dernière chance aux grévistes avant de sévir. C'est sans doute ce qui explique que les concernés n'ont pas été empêchés d'accéder à leurs lieux respectifs de travail. Les premières sanctions prononcées par le ministère de l'Education nationale contre les enseignants grévistes affiliés au Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste) semblent porter leurs fruits puisque dans beaucoup de régions du pays les protestataires ont rejoint leurs postes de travail. Certes, dans certaines wilayas, cela n'a pas suffi à faire fléchir la position des grévistes qui, bien au contraire, ont décidé de poursuivre leur mouvement en appelant à des sit-in pour dénoncer la manière forte de la tutelle. Ce qui est, cependant, à retenir c'est que le bras de fer engagé entre les deux parties commence à tourner à l'avantage du ministère comme le démontre le taux de suivi négligeable du débrayage. C'est le cas en effet à Tizi Ouzou où la plupart des grévistes ont repris leurs activités, sans, finalement, qu'aucune radiation ait été prononcée. L'administration s'étant, pour le moment, contentée d'adresser aux concernés des mises en demeure. Selon une source proche de la direction de l'éducation "pour ces derniers, le directeur de l'éducation a fixé un ultimatum sous peine de radiation des effectifs". En fait, il est à souligner que dans la wilaya de Tizi Ouzou, la plupart des enseignants affiliés au Cnapeste avaient repris leurs activités et regagné leurs établissements respectifs depuis le début du mois de janvier dernier, autrement dit, au lendemain de la rentrée des vacances scolaires d'hiver. Toujours est-il que le bureau de wilaya du Cnapeste envisage de tenir un sit-in de protestation, ce matin, devant le siège de la direction de l'éducation, et ce, à l'appel du bureau national du Cnapeste. À Bouira, le flou demeurait, hier, quant à l'application des menaces de licenciement à l'encontre des enseignants grévistes. En effet, le directeur local de l'éducation, Mourad Bouziane, a refusé de s'exprimer sur le nombre exact des mises en demeure envoyées aux enseignants. "Je ne peux vous donner le chiffre exact puisque certains établissements scolaires sont paralysés par la neige", a-t-il expliqué, tout en précisant que les instructions de la ministre de l'Education nationale ont été "appliquées à la lettre". Du côté du coordinateur local du Cnapeste, Djamel Benyoucef, l'optimisme prime, même s'il s'est montré avare en commentaires concernant d'éventuels enseignants qui auraient regagné leur poste. Pour ce syndicaliste, le débrayage à Bouira a été "massivement" suivi. Par ailleurs, certaines associations de parents d'élèves, notamment ceux des lycées du chef-lieu de la wilaya, ont interpellé le Cnapeste ainsi que la direction de l'éducation locale, dans le but de cesser "le chantage" qui serait, selon eux, exercé par ce syndicat. "Ces grèves à répétition entachent l'année scolaire et cela se répercute sur nos enfants et surtout sur le classement général de la wilaya de Bouira à l'échelle nationale", déplorent certains parents. Dans la wilaya de Sétif, la cellule de communication de la direction de l'éducation estime le taux de suivi de la grève que poursuit une partie des enseignants à 10,33% de l'ensemble des professeurs du secondaire et moins de 3% de l'ensemble du personnel du secteur. Mais, selon le vice-président du bureau de wilaya du syndicat en question, ce taux a dépassé les 45% de l'ensemble des 3 734 professeurs du secondaire. Et si le représentant syndical nous a indiqué qu'aucun professeur n'a été interdit d'accès aux établissements scolaires, il est à préciser que la direction de l'éducation n'a pas encore mis en œuvre les sanctions promises par la tutelle. Mais, les chefs d'établissement ont été réunis et s'apprêtent à passer à l'action. Dans certaines régions du pays, l'administration préfère, selon toute vraisemblance, donner une dernière chance aux grévistes avant de sévir. C'est sans doute ce qui explique que les concernés n'ont pas été empêchés d'accéder à leurs lieux respectifs de travail. C'est ainsi qu'à Constantine, où la notification officielle d'une éventuelle interdiction d'accès des enseignants grévistes n'est pas parvenue à tous, selon le Cnapeste, les protestataires ont normalement rejoint leurs établissements. Fait que nous avons constaté sur les lieux, notamment dans quelques lycées où la notification d'interdiction a, cependant, bel et bien été reçue. À souligner qu'à l'instar des autres wilayas, un sit-in de protestation des enseignants affiliés au Cnapeste est prévu aujourd'hui devant la direction de l'éducation. À Mostaganem, les parents d'élèves, interrogés sur ce conflit, nous semblaient partagés entre l'espoir que cela cesse et un sentiment de résignation par rapport aux conséquences indues par le mouvement de protestation. L'un des plus importants impacts de ce débrayage est le retard enregistré dans le déroulement des programmes scolaires dans les établissements concernés, ce qui débouche presque, inévitablement, sur les cours particuliers grevant le budget des ménages dont le pouvoir d'achat est bien érodé. À Béjaïa, également, les enseignants grévistes n'ont pas été interdits, hier, d'accès à leurs établissements scolaires respectifs. Selon plusieurs enseignants en grève que nous avons joints par téléphone, tous nous ont déclaré qu'ils n'ont pas été empêchés de rentrer dans leur établissement bien qu'ils soient en grève, qu'il s'agisse de ceux qui enseignent au chef-lieu de wilaya ou en dehors. "Nous n'avons pas empêché l'accès aux enseignants grévistes dans notre établissement. Nous n'avons pas reçu de directives dans ce sens émanant de notre tutelle", nous a déclaré le proviseur d'un lycée qui a requis l'anonymat. Ils pouvaient rentrer et sortir à leur guise. À Oran, les sanctions annoncées par la tutelle n'ont également pas été appliquées, pour le moment, et aucun enseignant gréviste n'a été inquiété, selon les syndicalistes du Cnapeste. "Jusqu'ici, nous n'avons déploré aucune mesure de ce type, dans aucun établissement", a-t-il indiqué en rappelant que le bureau de wilaya d'Oran avait refusé la semaine passée d'accuser réception de notifications envoyées par la tutelle et de tenir des réunions avec les directeurs d'établissements scolaires et les inspecteurs, comme préconisé par le ministère pour débloquer la situation. À Blida, des lycéens de Boufarik, de Blida, de Mouzaïa, d'El-Affroun et d'autres localités se sont donné le mot pour se regrouper pour la énième fois devant le siège de la direction de l'éducation pour exprimer leur refus d'enseignants remplaçants. Pour ce qui est des enseignants grévistes du Cnapeste, aucun n'a été empêché d'accéder à son établissement pour faire le piquet de grève, comme cela a été annoncé par la ministre de l'Education. De nos correspondants