La lutte contre l'informel passe par la chasse aux surfacturations et l'appréhension de l'évasion fiscale. Le changement de monnaie n'est pas à l'ordre du jour a assuré, hier, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal, en répondant aux préoccupations soulevées par les députés lors des débats sur les développements monétaires et financiers en 2016 et les tendances de l'année 2017. "Le changement de la monnaie n'est pas à l'ordre du jour", a indiqué Mohamed Loukal, évoquant l'exemple de l'Inde dont l'économie a trébuché après une opération de démonétisation des billets de 500 roupies. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a, en revanche, annoncé une opération de changement de billets de 1 000 et de 500 DA et des pièces de 100 DA, avec une nouvelle iconographie. M. Loukal précise que cette opération entre dans le cadre du "rafraîchissement" de billets de banque. "C'est une opération strictement technique, qui s'inscrit dans le cadre du renouvellement des billets en circulation", a-t-il souligné. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a insisté en déclarant que "le changement de billets de banque ne signifie pas changement de monnaie nationale". M. Loukal a ajouté que l'opération de changement de billets n'a aucun impact sur le marché informel. Vers le changement des billets de 1 000 DA, de 500 DA et de 100 DA Le gouverneur de la Banque d'Algérie estime que la lutte contre le marché informel obéit à d'autres considérations, notamment les surfacturations et l'évasion fiscale. M. Loukal a précisé que la masse monétaire a atteint 14 574 milliards de dinars à fin 2017, contre 13 817 à fin 2016. 32,8% de cette masse monétaire, soit 4 780 milliards de dinars, circulent en dehors du circuit bancaire. 1 500 à 2 000 DA sont thésaurisés par les agents économiques, dont les ménages, et entre 2 500 et 3 000 milliards de dinars sont échangés sur le marché informel. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a indiqué qu'une instruction sera publiée, dans les prochains jours, pour faciliter les dépôts dans les banques... Concernant le taux de change, M. Loukal assure que la Banque d'Algérie ne poursuit pas une politique de dépréciation du dinar. "Nous n'avons pas de politique de dépréciation du dinar", a-t-il indiqué, expliquant que le niveau du taux de change est déterminé par les fondamentaux de l'économie nationale. "Malgré les pressions du FMI et de la Banque mondiale, nous avons renforcé la monnaie nationale au deuxième semestre 2016 et au premier semestre 2017", a affirmé M. Loukal. "Nous allons poursuivre cette politique de renforcement du dinar si la situation l'exige", a-t-il ajouté. Concernant les réserves de change, M. Loukal a expliqué que leur gestion repose sur les principes de sécurité, de liquidité et de rendement. Il a révélé que 91,20% des réserves de change sont placées dans des titres triple A. 37,57% sont placées dans des obligations souveraines, 21% dans celles des obligations d'agences gouvernementales, 29% dans celles des institutions supranationales et 11% dans les titres de Banque des règlements internationaux. Les dépôts au niveau des banques centrales et commerciales noté triple A représentent 8,80%. Selon M. Loukal, 63,57% des réserves de change sont placées en dollars, 20,07% en euro et 16, 36% en livre sterling. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a laissé entendre que le prêt de 5 milliards au Fonds monétaire international n'a pas été utilisé, du moins pour le moment. "Aucun dollar n'a été prêté au FMI pour le moment", a-t-il indiqué, expliquant qu'il s'agit d'un engagement de l'Algérie dans le cadre de l'emprunt lancé par le FMI, au même titre que 60 autres pays. Ce prêt sera utilisé si les ressources financières du FMI sont insuffisantes pour couvrir ses besoins financiers, a précisé le gouverneur de la Banque d'Algérie. Meziane Rabhi