Au vu de la multiplication des déclarations du ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi, au sujet de la vraie valeur du dinar, l'option d'une dévaluation de la monnaie nationale semblait de plus en plus d'actualité. Dans ses déclarations, le ministre du Commerce expliquait qu'"aujourd'hui, on passe par un système bancaire avec un taux de change qui ne reflète pas toujours sa véritable valeur. Le dinar est probablement surcoté sur la place officielle. Son véritable niveau est probablement plus proche de celui du marché parallèle", appelant même l'Institution d'émission qui gère la parité du dinar à travailler davantage à ce que ces deux taux (officiel et parallèle) se rapprochent. En clair, le ministre du Commerce estime que la Banque d'Algérie ne donne pas au dinar sa vraie valeur, elle le soutient artificiellement. D'où le décalage marqué entre le taux de change officiel et le taux de change parallèle. Et cela fait que l'Etat est en train de "subventionner indirectement les importations". L'autorité monétaire va-t-elle dévaluer le dinar pour agir sur les importations ? Il semble que ce ne sera pas le cas puisque le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Mohamed Loukal, a démenti, mardi, l'existence d'une quelconque politique de dévaluation du dinar. Répondant aux questions des députés lors du débat autour du rapport sur les évolutions financières et monétaires en 2016 et en 2017 à APN, Mohamed Loukal a même affirmé que des mesures ont été prises depuis le premier semestre 2016 pour préserver la stabilité de la monnaie nationale, et ce, malgré les pressions exercées par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) pour la dévaluation de la monnaie nationale. Selon lui, le taux de change de la monnaie nationale a reculé de 15,36% par rapport à la monnaie européenne (euro) en 2017 contre une croissance de 0,59% en 2016, expliquant qu'en réalité, "ce n'est pas la valeur du dinar qui a baissé, mais c'est l'euro qui a fortement progressé face au dollar en 2017". Reste que cette stabilité du dinar ne se reflète pas sur le terrain. Depuis le début de l'année 2017, le dinar n'a pas arrêté de se déprécier par rapport à la monnaie unique européenne enchaînant record sur record. Après avoir débuté l'année 2017 avec une cotation à 116,12 DA, l'euro a continué à progresser par rapport au dinar pour atteindre 121,55 DA le 20 mai 2017, 128,90 DA le 7 août, 134,71 DA le 21 octobre et 136,77 DA le 21 décembre. Entre le 1er janvier 2017 et le 29 janvier 2018, l'euro a progressé de 24,69 DA, soit plus de 20%. Au-delà des chiffres, le débat se situe essentiellement sur la conduite à adopter par rapport à la question de la monnaie. Le dinar fort ne semble pas servir la politique des importations voulue par les gouvernements qui se sont succédé ces dernières années. Saïd Smati