Le prolifique auteur Kaddour M'hamsadji a sorti, il y a quelques mois, deux ouvrages qui font la part belle à la poésie et à la nostalgie, au travers de deux recueils Le juste qui sommeille et Khayt er-roûh, parus à l'Office des publications universitaires (OPU). Dans le premier, l'ancien secrétaire adjoint de l'Union des écrivains algériens (UEA) rend hommage à son collègue et ami Mouloud Mammeri, qu'il a connu lors de la création de l'organisation en 1963 ; cet ouvrage se veut un clin d'œil non seulement au Sommeil du juste, œuvre écrite par le linguiste, mais aussi l'homme et grand humaniste que fut l'amusnaw. Paru à l'occasion de l'anniversaire de la naissance de Dda Lmulud, l'écrivain relate ses années à côté de celui qu'il appelle "mon frère", notamment au sein de l'UEA. Il dira de son recueil qu'il "espère porter en ses pages une seule intention toute fraternelle et surtout imbue de citoyenneté algérienne, fortement la mienne, pour exprimer en ce centenaire de la naissance (1917-2017) de Mouloud Mammeri (...) mon affection pour l'homme et mon admiration pour son œuvre". Dans sa première partie consacrée à la poésie, l'auteur de cet opuscule célèbre l'œuvre et le combat de son ami. "Mouloud Mammeri a cent ans/il est parmi nous, dans nos rêves/sensible et fier et doux, sans trêve/notre frère depuis longtemps !" Ailleurs, il encense la désignation du linguiste et anthropologue à la tête de l'UEA par cette succession d'hommages : "Maurice Tarek Maschino/l'homme du «refus» volontaire/Jean Pelegri qui prend pour mère/l'Algérie au-delà des mots/l'assemblée réunie vota/Mammeri président repère/Jean Sénac et moi secrétaires/Assesseurs Bourboune et Sefta." Dans la même verve poétique, Le fil de l'âme, khayt er-roûh, au nom de ce bijou millénaire que portent les Algéroises, M'hamsadji fait dans la réminiscence de sa ville natale, Sour El-Ghozlane, et de la Casbah, quartier de ses aïeuls. Dans sa préface, il explique que ce fil de l'âme qu'il évoque est "la voix transcrite d'une époque de liberté première retrouvée et d'une époque plus ancienne dont je rappelle le souvenir indélébile". Ces textes poétiques écrits à différentes époques sont introduits par Oui, Algérie, Sour el ghozlan et Amour et liberté, un triptyque littéraire en somme pour le romancier, puisque ces trois éléments constituent l'âme même de son écriture. "Oui Algérie/est-ce que je crie/ma voix/est dans ta voix/dans ta bouche/dans ton cœur/enfouie/est-ce que je souffle/ma chair est grillée/sur vos corps/mes frères", dit-il dans Oui, Algérie, poème écrit en pleine guerre d'indépendance. Dans Khayt er-roûh, il dit, en comparant la liberté à la gazelle, qui devient ici aussi le symbole de sa ville natale, Sour El-Ghozlane (le rempart des gazelles) : "Nous voici couchés sur le Nil, ma gazelle effarouchée/aux yeux d'étoiles filantes." Yasmine Azzouz