La commission du Sénat américain, chargée de l'enquête sur le programme irakien “Pétrole contre nourriture” des Nations unies, n'attend que le retour de Bush pour rendre publique l'identité des personnes soupçonnées de corruption. Les nombreuses personnalités de différentes nationalités, qui ont bénéficié de pots de vin et de beaucoup d'avantage dans le cadre de la mise en œuvre du programme de l'ONU “Pétrole contre nourriture” de 1996 à 2003, qui permettait à l'Irak d'acquérir des produits alimentaires et des médicaments, lorsque le régime de Saddam Hussein était sous embargo international, seront bientôt connues. Les conclusions de la commission d'enquête du Sénat américain seront révélées au grand public, avec les noms de tous ceux qui y sont impliqués, aussitôt que le président des Etats-Unis, actuellement en Europe à l'occasion des festivités de la célébration de la fin de la Seconde guerre mondiale, aura regagné son pays. Plusieurs ambassades ont été mises au courant de cette démarche. Pour rappel, des fuites avaient permis de connaître les noms de certaines personnalités qui auraient trempé dans cette affaire de corruption, à l'instar du Français Charles Pasqua. Des détails seront fournis sur les contrats, dans le cadre de cette affaire, par cet ancien ministre français de l'Intérieur et proche du président Jacques Chirac, qui avait pourtant nié les accusations de malversations. Selon le magazine Time, un parlementaire britannique, un homme politique russe et un ancien haut conseiller du président Vladimir Poutine sont concernés. Cette affaire de corruption a des ramifications dans d'autres pays, notamment en France et en Suisse. À la demande du juge d'instruction parisien Philippe Courroye, une enquête a été initiée par la justice helvétique. Ainsi, deux sociétés suisses sont soupçonnées de blanchiment d'argent et de corruption de fonctionnaires dans des opérations liées au programme “Pétrole contre nourriture”. Il a été procédé à l'examen des relations bancaires, en Suisse, de plusieurs intermédiaires soupçonnés d'avoir touché des commissions illicites dans le cadre de ce programme, en vue de faciliter l'accès de la société pétrolière française Total au marché irakien, durant l'embargo de l'ONU. Deux sociétés suisses, ayant des comptes à Genève, sont principalement visées par la justice helvétique. Avant même que les Français ne sollicitent l'aide de la Suisse, le ministère public de ce pays avait déclenché une enquête pénale, dans le cadre de cette affaire, pour des faits présumés de corruption active et passive, ainsi que de blanchiment d'argent, à la suite d'informations faisant état d'importants flux financiers. Par ailleurs, Paul Volcker, président d'une commission chargée par l'Onu d'enquêter sur le programme “Pétrole contre nourriture”, a mis en cause l'intégrité d'un de ses ex-employés. Il avait fourni des documents à Washington, à la demande du Congrès. Pour rappel, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, avait chargé Paul Volcker, ancien président de la Banque centrale américaine, de diriger une enquête sur le programme, qui supervisait les ventes du pétrole irakien, de 1996 à 2003, par le régime de Saddam Hussein. K. A.