L'une cisèle le verbe pendant que l'autre fige l'instant présent à l'aide d'un "clic" furtif. Plutôt vaillantes que révoltées, l'une dissèque les maux d'une société patriarcale et hérissée d'orties irriguées aux qu'en-dira-t-on machistes ! Mais qu'elle humanise des "mots" avec rime et raison. Pendant ce temps, l'autre fixe les scènes de rue qu'elle fige pour l'éternité. Toutefois, l'une trempe sa plume dans l'encrier de la sagacité pour en extraire le jet de la liberté de dire ! Ou plutôt l'effronterie d'être créative à l'aide d'un bouquet de proses, où s'unifient la hardiesse de déclamer et la finesse d'être tolérée au cercle des moustachus. Pas rebelle du tout, l'une s'exonère de l'exigence de se soumettre à l'ordre établi, où le petit frère est souvent l'œil et l'oreille du père ou du grand frère, alors que l'autre parcours le monde, où elle cueille pour la postérité les choses de la vie. Toutefois, elles ont un point commun ces dames ! Elles viennent toutes les deux de notre Sud, où l'une milite par la plume et le verbe, à l'éclosion du printemps au-dessus de sa ville des mille coupoles de l'Oued Souf, et l'autre qui s'est abreuvée à l'oued M'zi de l'oasis de Laghouat. Quoi qu'il en soit, l'une et l'autre auraient marqué, chacune de par son talent et de ses "empreintes de femmes", l'atelier poétique de Soumaya M'barek et le vernissage de l'exposition de photos de Souad Chatta à l'espace Bachir-Mentouri de l'établissement Arts et culture. Et puisqu'on est à l'orée du 8 mars, l'oratrice déclamait ses poèmes, à l'exemple de l'hymne à l'amour de la mère pour son enfant qui s'égrenait tel ce chapelet, où chaque grain du rosaire symbolise un souhait : "Que la femme soit ce printemps de l'homme !" Seulement, ce désir d'être l'égal de l'homme restera t-il un vœu pieux, puisqu'il relève de l'utopie, surtout "Au pays des sables" d'Isabelle Eberhardt, a-t-on su de l'oratrice qui exerce en qualité de conseillère à la direction de la culture d'Oued Souf. "Certes, qu'il y a de l'essor dans l'élan culturel de la femme à Oued Souf... même s'il est timide, et cela reste toujours un... bond en avant toujours bon à prendre ! Il est vrai que ç'aurait été un exploit sur une terre qui a pourtant enfanté le chanteur Abdellah Menai", a déclaré la poétesse à l'issue d'une séance de lecture choisie autour de ses huit recueils de poésie, où la rimeuse héberge dans ses pages l'amour, la joie mais aussi de la douleur. Du reste, l'art a contraint l'auditoire à l'escale d'une visite de l'exposition de treize photos de cette chasseuse d'images qu'est Souad Chatta. "C'est la photo qui m'a choisi le jour où ma grand-mère m'avait offert un appareil photo pour l'anniversaire de mes huit ans. Et depuis, je n'ai pas cessé de dérouler de la pellicule où j'ai immortalisé des lieux d'ici et d'ailleurs à l'aide de mon appareil de développeur. Du reste, j'ai décidé depuis 2016 de remettre l'œil dans l'œilleton de la caméra après avoir observé une halte pour l'épanouissement de mon foyer et de ma carrière professionnelle", a déclaré notre humanitaire des oasis et des ksour du Sud qui axe son focal, l'œil et le cœur sur l'instant présent, source d'émotion. Donc, autant aller à la médiathèque Bachir-Mentouri, histoire de "chasser" un peu de talent de Souad Chatta. Bonne fête du 8 mars, mesdames ! Louhal Nourreddine