Musique n La chanson soufie, originaire d'El Oued, demeure un genre complètement «prisonnier» du terroir local, en dépit des efforts faits par ses adeptes pour la hisser aux rangs national et international. Bien que riche en textes et mélodies, la chanson soufie n'a pas réussi à atteindre les objectifs de célébrité nationale et internationale, à l'instar d'autres genres lyriques de souche algérienne, dont le chaâbi, le staïfi, le kabyle et le raï, qui ont pu, grâce à leurs vedettes, paroliers et compositeurs chevronnés, forts d'expériences professionnelles arabes et étrangères, se frayer un chemin vers la gloire nationale, voire mondiale. La poésie locale, imprégnée parfois du dialecte «soufi» (en référence à la région de Oued Souf) sur un fond prosodique distinct, parfois inspiré de régions limitrophes, a été chantée par une pléiade de jeunes mélomanes qui se sont initiés à la chanson sur des imitations d'anciennes troupes ou de stars locales, notamment Abdallah Menaï et Mohamed Mahboub. Ces «porte-voix» de la chanson soufie puisent leurs textes de poésies typiquement locales, à l'instar de Beniyet El Ardjoun (fille de l'Oasis) et Rabbani Trabek ya Souf (Nostalgie du Souf), des «chansons phares» éclairant tout novice de chants, sans pourtant contribuer à l'émergence de nouvelles voix susceptibles de relever le défi et de porter, aussi loin que possible le flambeau après Abdallah Menaï. La chanson locale n'a, en dépit de la position géographique d'El Oued, au sud-est du pays, pas connu l'impact suscité par d'autres genres de régions pourtant limitrophes, tels que le chaoui ou le staïfi. Corroborant implicitement cette hypothèse de caractère «géographiquement restreint» de la chanson soufie, le directeur de la culture d'El Oued a imputé une des raisons de cet état de fait aux instruments et rythmes traditionnels utilisés par les artistes locaux, au moment où d'autres genres ont vite adopté des instruments et outils modernes. Hassan Mermouri a aussi fait le parallèle avec les facteurs de propagation de la chanson raï qui, a-t-il dit, «puisait sa force de la vaste base d'auditeurs dans l'ouest du pays», signalant, dans ce même cadre, l'impact positif suscité par les deux éditions du Festival de la chanson soufie, tenues à El Oued, dans la promotion de la chanson soufie. Ce type de manifestations a permis, selon le même responsable, de faire découvrir, avec le concours des médias, de nouvelles voix en quête de prise en charge par une tutelle œuvrant à aplanir les obstacles devant ce genre musical, en plus de recherches allant dans le sens de la valorisation de la chanson soufie. R. C. / APS l Pour la star de la chanson soufie, Abdallah Menai, la chanson locale n'a fait, contrairement au raï largement répandu hors frontières par les "Chebs" Khaled et Mami, que quelques apparitions dans des capitales étrangères, tout en restant convaincu des capacités de la chanson soufie à s'exporter. Abondant dans le même sens, l'artiste Mohamed Mahboub, célèbre pour son interprétation de la chanson ''Hak Dellali'', qui a connu un succès lors de manifestations artistiques dans des pays arabes (Tunisie, Libye et Yémen), a attribué la réputation ''limitée'' de la chanson soufie à "l'absence de sponsors" et à la faiblesse des circuits d'édition et de distribution, notamment locaux. Pour sa part, le parolier Ali Soufia s'est aligné sur la thèse de Mahboub, en suggérant le recours à des distributeurs dits ''de poids'', existant à travers le territoire national, pour faire sortir la chanson soufie, confinée sur son territoire, vers des horizons plus larges. L'intervenant a, pour étayer son propos, cité l'exemple de Abdallah Menai qui a vu, durant les années 70, son album circuler dans tout l'Est du pays, grâce à son recours à un distributeur ''de poids'' installé dans la wilaya de Sétif, avant de proposer, pour redorer le blason de la chanson soufie, l'organisation de grands festivals nationaux dédiés à ce genre musical. De son côté, l'artiste Lakhdar Hechifa, premier à avoir interprété ''Rabbani Trabek ya Souf'' et pour laquelle il a obtenu le 1er prix au festival de Boukernine (Tunisie) en 2001, a lié, réfutant tout rapport avec les types d'instruments de musique utilisés, le développement "limité" de la chanson soufie, qu'il qualifie pourtant de ''belle'' et de ''bonne facture'', aux ''faibles participations aux différentes manifestations, à échelles nationale et arabe''. APS