Mohamed Hadj Djilani, premier secrétaire national du FFS, évoque, dans cet entretien, la session extraordinaire du conseil national de son parti. Chargé par la dernière réunion de cette instance de répondre aux attentes des militants sur la tenue ou pas d'un congrès extraordinaire, tous les regards sont désormais braqués sur cette réunion. Liberté : Le FFS tiendra une session extraordinaire ce vendredi pour trancher la question de la tenue ou pas d'un congrès extraordinaire. Comment se présente cette réunion ? Mohamed Hadj Djilani : Le conseil national est une instance issue du congrès national, elle a pour mission de débattre de la situation politique du pays et de tout ce qui a trait à la vie organique du parti. C'est un cadre de débat pour les cadres du parti pour proposer les stratégies, les voies et les moyens nécessaires pour le bon fonctionnement du parti. Après avoir tenu un conseil national le 16 février dernier, le FFS a convoqué un conseil national pour le 9 mars, où il sera question de débattre de la situation organique du parti. La démission d'Ali Laskri de l'instance dirigeante a mis le parti dans une situation très délicate. Les statuts du parti, dans l'article 48, expliquent, clairement, que quand cette instance se trouve avec moins de 3 membres, un congrès extraordinaire est rendu nécessaire pour élire d'autres membres. Pourquoi le FFS n'agit-il pas conformément à cette disposition ? Notre confiance envers nos militants, les membres du conseil national en particulier, est grande dans la mesure où nous croyons fortement qu'ils sortiront avec les décisions les plus adéquates à même de permettre au parti de jouer le rôle qui est le sien sur la scène politique aux côtés des Algériennes et des Algériens. Cela dit, le débat permettra de faire ressortir toutes les options stratégiques en vue et que, finalement, les dispositions jugées bénéfiques pour le parti seront retenues et mises en œuvre. Cela ne signifie aucunement que nous badinons avec nos textes. Le respect des statuts du parti, son règlement intérieur et ses chartes sont une question fondamentale au FFS, l'essence de la démocratie c'est aussi la coexistence de volonté différente et divergente arbitrée par des règles et des textes élaborés par tous, applicables et opposables à tous. La dernière session du conseil national a été houleuse. Le débat était chaud entre les adeptes d'un congrès extraordinaire et les opposants. Entre ces deux options, laquelle soutenez-vous ? Pourquoi ? Je n'étonnerai pas les observateurs politiques et les militants du parti en disant que des membres du conseil national ont eu à intervenir également sur la situation politique du pays. Cela nous renvoie à dire que c'est le pays qui est en crise. La mauvaise gouvernance, plutôt la non-gouvernance font que les Algériennes et les Algériens vivent dans l'incertitude quant à des lendemains qui s'annoncent difficiles. Quant au débat sur les questions internes, il ne peut que renseigner sur le fonctionnement démocratique du parti. Nous sommes des rassembleurs, nous sommes garants de la stabilité du parti et porteurs de son projet, celui cher à feu Hocine Aït Ahmed, soit la lutte pour la démocratie et l'Etat de droit. Certains militants du parti accusent des dirigeants de vouloir faire mainmise sur le parti, êtes-vous de cet avis ? Nous croyons fortement en l'amour et en la force de conviction que portent ses militants au parti. Nous nous attelons à porter haut la voix du FFS et gagner davantage d'espaces de lutte pour être, quotidiennement, aux côtés des Algériennes et des Algériens. De son vivant, Hocine Aït Ahmed disait : "Notre camp, dans la société, dans son avenir, dans son devenir." Se dirige-t-on vers une mutation au sein du plus vieux parti de l'opposition, avec l'émergence d'une nouvelle élite et, probablement, comme l'ont souhaité plusieurs cadres, le retour des enfants du FFS ? Le FFS restera l'espoir du peuple algérien pour le changement démocratique. En dépit de toutes les tentatives de déstabilisation du parti, d'attaques mensongères contre son fondateur, de ghettoïsation au centre du pays, de division de son électorat en créant et en finançant des formations politiques dites d'opposition, le régime n'a pas réussi à affaiblir le parti ni à ternir son image aux yeux de l'opinion nationale. Le FFS avec tous ceux qui se reconnaissent dans sa ligne politique, demeure la seule alternative démocratique à ce régime dont la finalité est l'avènement de la deuxième République. Un parti créé par des patriotes, à l'image de l'éternel, historique et démocrate, Hocine Aït Ahmed, ne peut changer de cap du jour au lendemain. Un parti porté par des militants de la trempe d'Ali Mecili auquel nous rendons un grand hommage à la veille du 7 avril, Journée du militant dédiée à sa mémoire, ne peut être domestiqué du jour au lendemain. Un parti pour lequel se sont sacrifiés des centaines de martyrs, ne peut être sacrifié sur l'autel d'une quelconque contrepartie. Entretien réalisé par : M. Mouloudj