Le "communautarisme" en Europe a généré un fossé entre les habitants de souche et ces "tribus" à la langue, culture, religion et opinion politique différentes des pays hôtes. Leur exclusion et confinement dans des HLM a immergé cette tranche de la population dans la précarité. Sur ces questions identitaires, Jonas Carpignano vient de signer une œuvre bouleversante sur la situation de ces hommes et de ces femmes dont le seul combat est la survie. Après son premier film Mediterranea, sur le parcours d'un jeune du Burkina Faso qui décide de rejoindre l'Italie, voilà que ce réalisateur fait son come-back avec une nouvelle fiction poignante, mais, cette fois-ci, sur la communauté gitane au sud du pays de la botte. A ciambra (projeté dans l'après-midi de samedi au TRA dans le cadre du FAFM), a secoué les spectateurs pour sa violence et son intensité. Sorti en 2017, d'une durée de 118 minutes, ce film dresse le tableau plutôt noir sur cette frange de la société complètement oubliée par l'Etat. Vivant dans un bidonville, Pio est un ado de 14 ans, contrairement aux autres petits italiens, Pio (Pio Amato) doit subvenir aux besoins de sa famille. Constamment une clope au bec, ce gamin tente d'épater son grand frère, et ce, en imitant les adultes (alcool, soirées dans les bars...). Son but : devenir un homme ! Issu d'une famille nombreuse, de parents démissionnaires, Pio apprend les rouages de la vie grâce à la rue. Suite à l'incarcération de son père et de son frère, il doit nourrir sa famille. Il se met alors à "travailler" en piquant les valises des voyageurs. Enchaînant les petits vols et les petites affaires, à un moment Pio devra faire le bon choix et en assumer les conséquences. A Ciambra, qui est plus qu'une fiction, dénonce une réalité amère de cette Italie où les communautés issues de l'immigration sont livrées à elles-mêmes. "Les policiers ne viennent ici que pour nous arrêter ou couper l'électricité ! Alors que nous avons besoin de leur protection", s'écrie la mère de Pio. Outre les gitans, le réalisateur pointe du doigt la situation des Africains (Ghana, Nigeria, Burkina...), vivant dans des tentes et dans une misère absolue. D'ailleurs, Jonas Carpignano le dénonce en évoquant dans son film l'analphabétisation des jeunes, la pauvreté, le recours au vol faute de travail, la prostitution... Un film à voir absolument ! H. M.