"Coupable". Alexandre Bissonnette, auteur présumé de la fusillade de la mosquée de Québec, avoir nié les faits a finalement plaidé coupable. Suite à ce revirement, le juge a demandé une expertise psychiatrique pour s'assurer que l'accusé est en possession de toutes ses facultés pour subir un procés. L'accusé a comparu hier, pour répondre à 12 chefs d'accusation : six pour meurtre et six autres pour tentative de meurtre. L'étudiant de 28 ans est poursuivi pour meurtre au premier degré de Khaled Belkacemi, Abdelkrim Hassane, Azzedine Soufiane, Aboubaker Thabti, Mamadou Tanou Barry et Ibrahima Barry. Il doit répondre aussi de l'accusation de tentative de meurtre de Saïd Akjour, Ayman Derbali, Saïd El Amari, Nizar Ghali et Mohamed Khabar avec usage d'une arme à utilisation restreinte. L'ouverture, lundi, de son procès à la cour de Québec sous haute surveillance policière a donné lieu à un débat sur les requêtes préliminaires auquel n'a pas bronché du tout l'accusé, resté coi dans son box. Le juge François Huot a frappé d'un interdit de publication les débats sur les procédures entre lui, les avocats de la défense et le représentant du ministère public. Quelque 600 jurés sont convoqués par la justice. 12 d'entre eux vont constituer le jury qui va juger les faits qui leur seront soumis durant les étapes du procès. Ils seront choisis au plus tard jeudi. Une fois les questions de forme tranchées, le procès sera abordé dans le fond avec les premiers témoignages. Les plaidoiries interviendront, si le calendrier est respecté, vers la fin du mois de mai. Autant dire un marathon judiciaire. En dépit du carnage du 29 janvier 2017, aucune accusation pour terrorisme n'est versée dans le dossier du présumé accusé. Au Canada, il n'y a pratiquement pas de jurisprudence dans des dossiers d'acte terroriste. Cela dit, cela ne changera rien à l'issue du procès et au verdict, selon des avocats contactés à ce sujet. L'ouverture du procès de Bissonnette, un suprématiste blanc sans attaches organiques avec les organisations d'extrême droite, va sans doute remuer le couteau dans la plaie laissée ouverte dans la communauté musulmane par la fusillade de la mosquée de Québec. Les familles des victimes n'ont pas encore fait le deuil de leurs proches disparus, pour qui la prière d'El Aïcha de ce dimanche 29 janvier 2017 fut la dernière de leur vie. Un jeune étudiant en sciences politiques, qui a pourtant côtoyé les œuvres de Marx et de Rousseau, surgit des ténèbres de sa conscience pour tirer dans le tas à l'intérieur de la mosquée, un lieu de culte que les guerres des hommes n'ont pu profaner. Y. A.