Le maintien de la grève est motivé par le "flou" autour des propositions faites sur la question du statut de médecin résident et le dossier du service civil. Entretenu pendant 48 heures, l'espoir de voir arriver le dénouement du conflit opposant les résidents à la tutelle s'est finalement dissipé. Que de temps perdu encore. Les propositions de sortie de crise faites dimanche soir par le ministère de la Santé n'ont pas eu raison du mouvement des futurs spécialistes. Puisqu'ils ne rejoindront pas leurs services respectifs dans les hôpitaux, comme espéré par le ministre de la Santé. En effet, les médecins résidents ont décidé, hier, à la quasi-unanimité, de la poursuite de leur mouvement de débrayage jusqu'à la satisfaction totale de leurs revendications. La décision du maintien du mouvement de débrayage entamé il y a cinq mois a été votée à la majorité absolue par les 15 000 résidents en sciences médicales, à travers les assemblées générales organisées dans les 11 facultés de médecine du nord du pays. Le maintien du débrayage a été "plébiscité haut la main" à Blida, à Tizi Ouzou, à Tlemcen, à Oran, à Constantine, à Sidi Bel-Abbès, à Batna, à Annaba, à Béjaïa, à Sétif et à Alger. Les scores enregistrés pour la poursuite de la grève ont frôlé, dit-on, les 100%. "L'assemblée générale du pôle d'Alger, qui couvre une trentaine d'hôpitaux, s'est déroulée à La Perrine et a réuni plus de 5 000 résidents qui ont confirmé la poursuite de la grève, à l'exception de quelques participants, trois ou quatre, qui ont choisi de s'abstenir. Le vote est intervenu après que les délégués du Comité autonome des médecins résidents algériens (Camra) ont expliqué, dans le détail, la teneur des dernières propositions formulées par la tutelle dimanche dernier", indiquera un résident de la faculté d'Alger. Les participants aux AG ont voté, également pour le boycott de l'examen du DEMS qui devra se poursuivre jusqu'au 12 avril, selon le dernier planning rendu public par le ministère de l'Enseignement supérieur. Pourquoi ? Les dernières propositions faites par le ministre ne sont-elles pas vraiment convaincantes ? Quels sont les points de discorde entre les deux parties ? Néanmoins, les blouses blanches en grève ouverte appellent la tutelle à "redoubler d'efforts dans le sens d'accéder positivement aux doléances des résidents". "Nous sommes toujours ouverts et disponibles pour le dialogue et la concertation afin de faire aboutir notre cause", précisera encore notre source. Le maintien de la grève est motivé, dit-on, par deux principaux arguments. Les résidents souhaitent avoir plus d'explications et de précisions juridiques concernant le statut du résident alors que "le ministre s'est engagé juste à rouvrir le dossier du statut sans donner les grandes lignes des nouveautés qui y seront introduites. C'est encore flou pour nous", dénoncera un délégué du Camra. L'autre motif avancé est lié à la question du service civil, un dossier sur lequel aucune avancée notable n'a été relevée par les médecins grévistes. "Nous avons demandé la suppression du caractère obligatoire du service civil, la tutelle s'est contentée d'apporter des rectifications superficielles, sans vraiment accéder à nos doléances. Au contraire, elle a fait machine arrière en faisant l'impasse sur le nombre de spécialités concernées par la loi 84-10. La tutelle a complètement ignoré les spécialités assujetties au service civil. Cela prête à confusion. Mieux encore, le PV rendu public sans que le ministre appose sa signature n'avait pas apporté grand-chose concernant ce dossier. La tutelle a insisté sur la modulation de la durée du service national qui relève déjà du domaine public", dit-on encore. Et de poursuivre que "les résidents restent convaincus qu'ils doivent bénéficier du droit d'exemption du service national après l'âge de 30 ans, au même titre que les autres catégories d'universitaires. C'est de la discrimination qui ne dit pas son nom". Toujours au chapitre du service civil, le Camra a relevé des zones d'ombre concernant la prime accordée aux spécialités, la tutelle n'a pas précisé, dit-on, si les spécialistes qui sont affectés ouvriront droit à cette prime ou non. "C'est encore flou". S'agit-il d'un retour donc à la case départ ? Les membres du Camra disent ne pas souhaiter en arriver là, puisqu'ils n'ont pas manqué, par ailleurs, de saluer la nouvelle démarche de travail adoptée par la tutelle après avoir tourné en rond pendant plusieurs semaines. Hanafi H.