La fin du conflit opposant le ministère de la Santé aux médecins résidents algériens n'est pas pour demain, puisque la réunion de travail qui a eu lieu hier a été sans résultat. Entre les propositions des uns et les revendications des autres, c'est l'impasse. Les deux protagonistes campent sur leurs positions initiales. Les blouses blanches maintiennent, ainsi, leur mot d'ordre de grève jusqu'à la satisfaction totale de leurs revendications. Pour les 15 000 médecins grévistes, les propositions faites par la tutelle n'ont pas été à la hauteur des attentes des résidents en sciences médicales. "Il n'y a rien de nouveau dans les propositions du ministère de la Santé. Ce qu'il a avancé aujourd'hui (hier, ndlr) relève déjà du domaine public. Il n'y a rien de concret par rapport à notre plateforme de revendications", affirmera le Dr Taïleb à la sortie de la réunion au ministère de la Santé. La tutelle estime, cependant, que la commission pluridisciplinaire a accordé d'importantes concessions concernant le point d'achoppement entre les deux protagonistes, à savoir le dossier du service civil. L'instance mise en place le 21 janvier a proposé aux délégués du Camra de réduire le nombre de spécialités concernées par le service civil. Les coordinateurs de la commission en question ont suggéré au Camra une liste de 20 spécialités seulement, au lieu de 60, qui auront l'obligation d'accomplir le service civil dans les Hauts-Plateaux ou dans le sud du pays. Pour les promoteurs de cette proposition, la révision de la liste à 20 de spécialités demeure un grand acquis pour les futurs spécialistes. Or, les délégués du Camra ne se sont pas montrés preneurs de cette nouvelle offre. Le Collectif des médecins résidents a réitéré sa principale revendication formulée depuis le début du conflit, soit la suppression du caractère "obligatoire" du service civil, et de le remplacer par des mesures financières incitatives. La tutelle a remis en avant la loi 84/10 qui consacre l'obligation du service civil. "La révision de cette disposition exige un long processus juridique." Les représentants de la tutelle rappellent, pour la circonstance, que l'affectation des spécialistes dans le cadre du service civil relève, désormais, des compétences d'une commission nationale qui organise les postes d'affectation selon les besoins exprimés par chaque région. Dans le même registre, les représentants du Pr Mokhtar Hasbellaoui ont remis sur le tapis, dans l'espoir de convaincre les résidents grévistes, la question de la modulation de la durée du service civil et l'amélioration du système de zoning. Dans la foulée, le ministre a annoncé que le Premier ministère a décidé d'instituer une nouvelle prime d'installation pour les spécialistes, sans pour autant préciser son montant. Cette prime sera assumée, dira-t-il, par les budgets des wilayas concernées par le service civil. Cette prime, dont on ignore le montant, ne semble pas intéresser le Camra, puisque le collectif avait introduit, dans la plateforme soumise à la tutelle, une doléance qui relève des conditions d'installation de futurs spécialistes. "Nous avons demandé une prime d'installation qui représenterait 12 mois de salaire, et ce, pour pouvoir faire face à nos besoins lors de l'exercice de notre métier dans une région donnée, puisque les spécialistes ne commenceront à percevoir leurs salaires que six mois au minimum après leur affectation", rappellera le Dr Taïleb. Les médecins résidents disent enfin qu'ils ne sont pas prêts à renoncer à leur mouvement tout en continuant à assurer les gardes. De son côté, le ministre de la Santé renouvelle son offre de dialogue : "Le dialogue avec les résidents ne sera jamais interrompu." En attendant, cette situation inédite de conflit qui traîne depuis près de trois mois, n'est pas sans conséquence et sur les malades et sur le secteur de la santé. Hanafi H.