La wilaya de Jijel souffre d'un manque flagrant d'infrastructures culturelles. Situation qui pénalise bon nombre de personnes qui tentent de renouer avec certaines activités, notamment le cinéma et théâtre. Outre la Maison de la culture qui se situe en dehors de l'agglomération, et le Centre culturel islamique que les jeunes citadins ne fréquentent que rarement, Jijel demeure pauvre en infrastructures culturelles. Pourtant, au lendemain de l'indépendance, l'ex-Djidjelli possédait quatre salles de cinéma, à savoir le Glacier, les Variétés, le Rio et le Régent, racontent les notables de la ville. Ces deux dernières salles n'ont pas tardé à fermer leurs portes, d'ailleurs elles sont inconnues pour beaucoup de Jijéliens, tandis que les cinémas le Glacier et les Variétés ont continué la projection des films jusqu'à la fin des années 1990, avant d'être fermés et désertés, sinon détournés de leur vocation réelle, les transformant en salle des fêtes et lieux de meetings politiques lors des campagnes électorales. Si un nombre réduit de cinéphiles regrettent l'absence de projections cinématographiques, beaucoup de jeunes de la nouvelle génération, notamment ceux touchés par la vague d'ignorance, ne savent même plus à quoi ressemble le monde du cinéma. Pis encore, certains refusent carrément de voir un jour l'ouverture d'une salle de cinéma, qualifiant ceci d'une perte de temps que l'islam bannit ! Face à ce "crime culturel", des actions de remise en valeur des salles de cinéma ont été entamées, afin de sauver ce qui reste, et pourquoi pas, changer les mentalités. Des travaux de réhabilitation de l'ancienne salle de cinéma 20-Août 1955, ex-Glacier, lancés il y a quelques mois par l'APC de Jijel, ont atteint un taux d'avancement de 85%, a-t-on appris auprès des responsables chargés du projet. Construite à l'époque coloniale vers les années 1930, cette salle de cinéma, longtemps abandonnée et négligée par les pouvoirs publics, fait actuellement l'objet de grands travaux qui devraient redonner vie au septième art. À cet effet, une enveloppe estimée à plus de 25,5 millions de dinars a été dégagée pour la réhabilitation de la toiture, les deux façades ainsi que l'intérieur de la salle, dont la superficie est de 521 m2. Après l'achèvement de cette phase, il est question de procéder à l'installation des climatiseurs, des sièges, de la sonorisation et de l'éclairage. Considérée comme un symbole de l'antique Igilgili, la salle de cinéma le Glacier, devrait donc rouvrir ses portes en mois de juillet prochain après une fermeture qui a duré plus 20 ans. RAYAN MOUSSAOUI