Bannie des mœurs culturelles depuis de longues années, l'activité cinématographique est un domaine quasi-inconnu pour bon nombre de jeunes. L'absence de toute projection grand écran à Jijel a rendu le septième art un illustre inconnu qu'on relègue au dernier rang des préoccupations culturelles. Et pour cause, demandez à un jeune une quelconque opinion sur l'art du cinéma, c'est prendre le risque d'être surpris par une ignorance totale de ce monde des merveilles. Ce déphasage avec la réalité cinématographique est, à ne pas en douter, du à ce contexte cruel qui a fait que depuis la fin des années 1980, aucune projection de film sur grand écran n'a eu lieu dans toute la wilaya de Jijel. «C'est un crime culturel», s'offusquent des mordus des projections cinématographiques. «C'est une triste évidence et c'est frustrant pour les cinéphiles», reconnaît, pour sa part, un responsable du secteur de la culture que nous avons interpellé sur la disparition de l'activité cinématographique dans la ville de Jijel et ailleurs. Pour ce responsable, la faute n'incombe pas à son secteur. «Cette situation est héritée depuis des années», se justifie-t-il avant de rectifier que l'activité cinématographique n'est pas totalement absente à Jijel. «Il y a des activités, nous avons des cinéphiles et des réalisateurs amateurs, mais nous n'avons pas de projections cinématographiques proprement dites, car la maison de la culture ne dispose pas d'une structure adéquate pour la projection de films sur grand écran», précise-t-il. Selon lui, la grande salle de la maison de la culture n'a pas été dotée de matériel de projection lors de sa réalisation, ce qui est de nature à entraver les projections de films. «Il faut des travaux de démolition et une reconstruction pour permettre l'installation de ce matériel», précise-t-il. En attendant de nouvelles perspectives pour le septième art, on se contente à Jijel, des projections vidéo. Dans cette ville, il y a pourtant deux salles de cinéma. Fermées depuis des années pour des raisons liées à cet état de «dormance», ces salles ont eu leur temps de gloire du temps de la projection des films à succès avant de tomber dans l'oubli. La salle de cinéma «les variétés» est fermée après avoir été louée à un privé. L'autre salle le «Glacier», fermée elle aussi, est une propriété communale. Selon notre interlocuteur, elle fait l'objet de négociations pour son transfert au secteur de la culture. «Notre vœu est de la transformer en une salle de projection cinématographique», nous dit-t-il. Deux autres salles ont subi le même sort dans les villes de Taher et d'El Milia. Fermées depuis des années, elles ne font plus l'objet d'une quelconque attention. Autre temps, autre mœurs pour ces salles. Des jeunes que nous avons tentés d'interroger sur le monde du septième art ont tout bonnement répondu qu'ils ignorent tout des films cinématographiques «Je n'ai jamais vu un film au cinéma !», lâche l'un d'entre eux.