Pionnière en la matière, l'Algérie représente une expertise qu'elle est disposée à partager avec les pays touchés par le terrorisme. L'Algérie a plaidé hier pour l'élaboration d'une stratégie de lutte contre le financement du terrorisme et pour le tarissement de ses sources. C'est ce qui ressort du discours prononcé, hier à Alger, par le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, à l'ouverture des travaux de la réunion de haut niveau sur la lutte contre le financement du terrorisme en Afrique. Et de révéler, selon un rapport datant de février dernier, que les activités de crime organisé représentent 3,6% du PIB des quinze pays de l'Afrique de l'Ouest. Cela surtout grâce à la diversification des sources de financement qui vont des rançons contre la libération des otages, au racket en passant par les différents trafics. Mais pas seulement, puisqu'il a été établi que les groupes terroristes opèrent en connexion avec les réseaux de trafic et de crime transnational, ce qui augmente considérablement leurs ressources financières. D'ailleurs, a indiqué M. Messahel, "l'intéressement financier remplace de plus en plus la conviction idéologique dans les processus et campagnes de recrutement menés par les groupes terroristes". Ce qui expliquerait, en partie, la poursuite des recrutements de nouveaux terroristes. Ils sont principalement, selon un profilage, "parmi les segments de la population vulnérable psychologiquement, socialement et aussi économiquement, l'argent reste l'une des principales armes de la guerre menée par le terrorisme". Il a également mis en garde contre le risque que se transforme "l'Afrique en une importante plaque tournante du terrorisme et de la criminalité transnationale". Par ailleurs, le Giaba (Groupe intergouvernemental d'action contre le blanchiment d'argent en Afrique de l'Ouest) a relevé au moins onze typologies de sources de financement du terrorisme incluant le commerce et autres activités lucratives, certaines ONG et les prélèvements caritatifs, la contrebande d'armes, le trafic de drogues, la contrefaçon de diverses produits dont les médicaments et les psychotropes, la piraterie, la prise d'otages contre rançon, le trafic de biens culturels, la migration illégale, le transfert de fonds et la mendicité. Et le chef de la diplomatie algérienne d'insister sur la nécessité de "prendre les mesures requises pour mieux contrôler, entraver et tarir ces multiples sources de financement du terrorisme". Tout en réaffirmant la volonté de l'Algérie à partager son expérience en la matière et sa solidarité avec les pays touchés par ce phénomène, M. Messahel a appelé à une coopération multiforme, régionale et internationale et à mettre en place une stratégie cohérente de lutte contre le financement du terrorisme dans toutes ses dimensions. Il a, par ailleurs, indiqué, en marge de la réunion, que les recommandations de cette rencontre, qui s'achève aujourd'hui, seront soumises au prochain sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA prévu en juillet prochain à Nouakchott en Mauritanie. Il sera procédé, a-t-il conclu, "à cette occasion, à l'examen des modalités de coordination entre les pays africains et l'échange d'expériences et d'informations concernant le financement du terrorisme, devenu une question importante pour le continent africain". Djilali B.