Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel a déclaré, hier à Alger, que «les terroristes en Afrique ont au moins onze sources de financement dont le commerce et autre activités lucratives, certaines ONG et les prélèvements caritatifs, la contrebande d'armes, le trafic de drogues, la contrefaçon de diverses produits dont les médicaments et les psychotropes, la piraterie, la prise d'otages contre rançons, le trafic de biens culturels, la migration illégale, le transfert de fonds et la mendicité». La déclaration qu'a faite le chef de la diplomatie algérienne est basée sur le compte rendu du Groupe intergouvernemental d'action contre le blanchiment d'argent en Afrique de l'Ouest (Giaba). C'est en marge de l'ouverture des travaux de la réunion de Haut niveau de lutte contre le financement du terrorisme en Afrique, tenue hier à Alger au Centre international des Congrès (CIC), que le ministre a expliqué comment le terrorisme continue à se financer «malgré la chute des prix du pétrole qui était auparavant une de ses principales sources de financement». D'ailleurs, Messahel a indiqué qu'un dernier rapport de plusieurs organismes régionaux et internationaux qualifiés (Ocde, Giava, Bad et Nepad), publié en février 2018 révèle que «les activités du crime organisé représentent 3,6% du PIB des quinze pays de l'Afrique de l'Ouest». Poursuivant avec les chiffres des rapports mondiaux, le ministre a souligné que le Réseau mondial contre la contrefaçon et l'Union des fabricants (France) «montrent dans un rapport publié au mois de décembre dernier, comment le terrorisme utilise la contrefaçon pour se financer». Selon le ministre des Affaires étrangères, «ce sont autant de domaines dans lesquels nos pays individuellement et notre continent collectivement sont interpellés pour prendre les mesures requises afin de mieux contrôler, entraver et tarir ces multiples sources de financement du terrorisme». Dans ce sens, Messahel a rappelé «l'engagement permanent de l'Algérie dans la lutte globale contre le terrorisme, et en particulier, sa solidarité avec l'ensemble de notre continent au moment où un nombre croissant de pays africains subi déjà ou se retrouve visé par les menaces terroristes». Il a ajouté, par ailleurs, que «l'Algérie qui a combattu le terrorisme dans les années quatre-vingt-dix, et qui continue toujours à faire face à ses résidus, est convaincue que la sécurité est indivisible et que l'élimination de la menace terroriste en Afrique et dans le monde nécessite la conjugaison des efforts, le partage des expériences et le renforcement de la coopération régionale et internationale», a-t-il fait savoir. Mettant en exergue le rôle de l'Algérie historique dans la lutte anti-terroriste, le ministre a affirmé que «l'Afrique a besoin de mettre en place une stratégie cohérente de lutte contre le financement du terrorisme dans ses différentes dimensions, y compris par l'intégration du rôle déterminant du développement économique et social, la modernisation des économies, l'encouragement de la transparence et la promotion de la bonne gouvernance». Lors de la réunion, dont les travaux se poursuivent à huis clos jusqu'à aujourd'hui, les participants discutent des défis réels dans la lutte contre le financement du terrorisme ainsi que de plusieurs thématiques d'actualité en Afrique comme l'assèchement des sources du radicalisme violent et le terrorisme, les connections entre les trafics de drogue, d'armes et des êtres humains avec le phénomène du terrorisme. A ce sujet, le chef de la diplomatie algérienne a expliqué à la presse que «les directives de cette réunion seront annoncées en juillet prochain lors du Sommet de l'Union africaine en Mauritanie». D'autre part, il faut préciser que la réunion s'inscrit dans le cadre des efforts de l'Algérie pour lutter contre le terrorisme dans la région du Sahel et l'épuisement de ses ressources, et d'autre part, renforcer la coordination et la concertation entre les pays africains autour des questions sécuritaires, à l'instar de la lutte contre le terrorisme, la déradicalisation, le trafic des êtres humains, de drogue et de la contrebande.